My Kid

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Les tribulation d’un père et son fils autiste dans un Israël inondé de soleil.

Après En thérapie, toujours la psychologie

Après la réalisation de plusieurs longs-métrages en Israël, pays où le cinéma se porte très bien, dont notamment Broken Wings en 2004 (Prix du public à Berlin, Grand prix à Tokyo) et La Grammaire Intérieure, Nir Bergman a créé avec Ori Sivan la série originale israélienne Betipul adaptée par HBO aux États- Unis, et par Eric Tolédano et Olivier Nakache pour Arte en France sous le titre En Thérapie. Son dernier long-métrage touche au coeur et encore mieux : il se pose comme une réflexion passionnante sur les relations père-fils peu souvent montrées au cinéma. Le réalisateur le constate lui-même dans le dossier de presse du film : « Pour moi, My Kid est tout autant un film sur la paternité que sur l’autisme. »

 

Un road-movie tendre

Sous la forme d’un road-movie, décidément genre cinématographique inusable, My Kid raconte en fait comment un père protège son fils jeune adulte autiste contre la méchanceté du monde et ses embûches. Le film commence d’ailleurs par un plan magnifique dans un train où on les voit tous les deux assis. Un écran d’ordinateur placé près de la fenêtre diffuse des images du Kid de Charlie Chaplin. On comprend peu à peu que c’est le cinéaste et le film préférés de Uri qui le regarde presque en boucle, d’où le titre du film. Dans ce plan, où on les voit côte à côte, et c’est bien sûr voulu, rien ne laisse imaginer qu’un drame se joue entre ces deux personnages. « La scénariste Dana Idisis m’a proposé de réaliser ce film qu’elle avait écrit en s’inspirant de la relation entre son frère autiste et son père, déclare le réalisateur dans le dossier de presse du film. Je les connaissais tous les deux, à la fois personnellement et aussi à travers le magnifique documentaire que Dana a réalisé sur sa famille Seret Bar Mitzvah (2013). J’ai adoré la manière dont Dana s’est emparée de cette réalité pour la prolonger aussi dans une fiction, et je l’ai accompagnée pendant un moment dans l’élaboration du scénario de My Kid. » Tout est dit dans ces images inaugurales. Père et fils se rendent à la maison familiale à bicyclette et dès l’origine on prend bien sûr les parts d’Aaron, le père incarné par l’acteur israélien bien connu, Shai Avivi, qui voulant échapper à la volonté de son ex-épouse qui veut placer Uri dans une structure, va fuir dans son propre pays, pour protéger son fils, tombant dans une sorte de folle course poursuite.

 

Se rendre à la raison

Malheureusement, les choses ne sont pas aussi simples et l’on mesure ici combien il est difficile de s’occuper d’un enfant adulte pour qui vous êtes tout. Aaron lui fait cuire les petites pâtes qu’Uri adore, il le surprotège et Uri a besoin de son avis pour se déterminer dans sa vie, notamment dans la séquence où sa mère lui offre un tee-shirt jaune et qu’il a besoin que son père lui confirme qu’il aime bien cette couleur.

Le film se clôt par un autre voyage, celui dans lequel on accompagne Uri dans son centre d’accueil et, lorsqu’Aaron revient le voir, on sent peu à peu qu’Uri est partagé entre le désir de le suivre à nouveau et celui de rester avec ses nouveaux amis pour manger avec eux des grosses pâtes, comme une manière de quitter enfin l’enfance dans laquelle, inconsciemment, son père voulait le maintenir pour le protéger et conserver son amour. Un film magnifique, tendre et bouleversant, qui apporte une nouvelle vision sur l’autisme tellement différente des habitudes françaises somme toute assez hypocrites. Selon Nir Bergman, à qui on laisse le dernier mot : « Il est important pour moi de dire que ce n’est pas un film sur l’autisme, ni un film sur la relation entre un père et son enfant autiste, ou les difficultés d’un homme et de son enfant ayant des besoins spéciaux. C’est un film sur un père et un fils. Et l’inexorable séparation entre parents et enfants. »

Titre original : Here We Are

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Durée : 94 mn


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