Cette tragédie a eu le lieu en 1974 dans l’Altiplano chilien. Trois sœurs, les Quispe, de la communauté andine de Coyas, y sont bergères. Ces montagnes du Nord du Chili, pelées et balayées constamment par le vent seront l’unique décor du film. Unique panorama et aussi seul point à mettre à l’actif de ce film. Car une nature aussi grandiose et sublime soit-elle ne suffit pas à faire un long métrage. Or, Sepulveda réussit l’exploit paradoxal de nous enfermer dans cette immensité. Le cinéaste filme la vie pastorale de ces trois femmes telle que ces dernières ont réellement dû la vivre il y a quarante ans. Jusque-là pas de problème, mais il le fait de telle manière que ça en devient très vite d’un ennui profond. Le dossier de presse parle d’un monde « primitif ». En effet, les sœurs vivent dans un grand dénuement. Elles habitent dans des "rucas", sortes de grottes que les bergers coyas ont construites dans la montagne pour y passer l’été. Sinon, elles surveillent leurs chèvres, ramassent du bois pour le feu et échangent quelques mots entre elles. Il s’agit d’une vie ancestrale et ascétique en communion avec une nature parfois hostile. Pourtant, quelque chose cloche dans la narration. Le metteur en scène n’arrive pas à révéler la beauté de cette existence anachronique ni même à évoquer, encore moins à expliquer, ce qui menace ces sœurs. De sorte que le film tourne en rond, sans contrechamp. Ce contrepoint au filmage des Quispe aurait pu être le tumulte de la ville, les changements dans le pays, ou le bureau de quelque potentat local décidant d’appliquer la décision (dont on parle très peu aussi) de Pinochet d’interdire le métier de berger.
On aurait aimé savoir, par exemple, pourquoi le dictateur avait pris une décision en apparence aussi absurde ? Pourquoi interdire le métier de berger ? Etait-ce pour abolir les particularismes régionaux – une constante chez les caudillos de tous poils pour asseoir leur pouvoir sans partage ? C’est une possibilité, mais nous ne le saurons pas.