Les Soeurs Quispe

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Avec ce sujet énigmatique, Sebastian Sepulveda aurait pu réaliser un bon film. Hélas, l´ennui prédomine.

Certains films sont de belles promesses à l’état de scénario, mais finiront, à l’écran, en fiascos purs et simples. Les Sœurs Quispe du Chilien Sebastian Sepulveda sont de ceux-là. Tout laisse supposer une histoire passionante se déroulant dans un contexte historique dramatique. En effet, ce premier long métrage de fiction relate une période de l’histoire chilienne on ne peut plus sombre et néanmoins récente, à savoir l’arrivée au pouvoir au Chili, en 1973, d’une junte militaire avec à sa tête le Général Pinochet. De cette toile de fond captivante, le synopsis évoque plus précisément un "fait divers" retentissant qui aurait marqué le pays en profondeur. Notre curiosité est alors doublement piquée au vif : le début de la junte militaire – qui quoi qu’on en dise est demeurée un événement lointain pour l’opinion publique européenne, nonobstant l’intérêt de quelques intellectuels -, et un événement tragique, dont on parle encore, là-bas…

Cette tragédie a eu le lieu en 1974 dans l’Altiplano chilien. Trois sœurs, les Quispe, de la communauté andine de Coyas, y sont bergères. Ces montagnes du Nord du Chili, pelées et balayées constamment par le vent seront l’unique décor du film. Unique panorama et aussi seul point à mettre à l’actif de ce film. Car une nature aussi grandiose et sublime soit-elle ne suffit pas à faire un long métrage. Or, Sepulveda réussit l’exploit paradoxal de nous enfermer dans cette immensité. Le cinéaste filme la vie pastorale de ces trois femmes telle que ces dernières ont réellement dû la vivre il y a quarante ans. Jusque-là pas de problème, mais il le fait de telle manière que ça en devient très vite d’un ennui profond. Le dossier de presse parle d’un monde « primitif ». En effet, les sœurs vivent dans un grand dénuement. Elles habitent dans des "rucas", sortes de grottes que les bergers coyas ont construites dans la montagne pour y passer l’été. Sinon, elles surveillent leurs chèvres, ramassent du bois pour le feu et échangent quelques mots entre elles. Il s’agit d’une vie ancestrale et ascétique en communion avec une nature parfois hostile. Pourtant, quelque chose cloche dans la narration. Le metteur en scène n’arrive pas à révéler la beauté de cette existence anachronique ni même à évoquer, encore moins à expliquer, ce qui menace ces sœurs. De sorte que le film tourne en rond, sans contrechamp. Ce contrepoint au filmage des Quispe aurait pu être le tumulte de la ville, les changements dans le pays, ou le bureau de quelque potentat local décidant d’appliquer la décision (dont on parle très peu aussi) de Pinochet d’interdire le métier de berger.

On aurait aimé savoir, par exemple, pourquoi le dictateur avait pris une décision en apparence aussi absurde ? Pourquoi interdire le métier de berger ? Etait-ce pour abolir les particularismes régionaux – une constante chez les caudillos de tous poils pour asseoir leur pouvoir sans partage ? C’est une possibilité, mais nous ne le saurons pas.

Titre original : Las niñas Quispe

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Durée : 80 mn


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