L’œuvre du génie visionnaire qu’était Philip K. Dick semble être une source d’inspiration inépuisable pour le cinéma hollywoodien. On ne compte plus les adaptations tirées de ses romans de science-fiction et autres nouvelles paranoïaques. Si certains s’en sont sorti avec brio (on pense notamment au Blade Runner de Ridley Scott, au Total Recall de Verhoeven ou encore à Minority Report de Spielberg), et en attendant de pouvoir découvrir le travail de Gondry sur Ubik, d’autres en revanche se sont cassé les dents sur les thématiques complexes de l’auteur, à l’image des médiocres Next et Paycheck. L’Agence entre indubitablement dans cette seconde catégorie.
Connu pour les scénarios d’Ocean’s Twelve et de La Vengeance dans la peau, George Nolfi choisit donc pour ses premiers pas derrière la caméra de s’attaquer à l’un des maîtres de l’anticipation. En adaptant librement la nouvelle Rajustement parue en 1954, le néo-réalisateur transpose dans le décor new-yorkais contemporain cette histoire de manipulation écrite en pleine période Maccarthyste. Matt Damon y incarne David Norris, un jeune politicien (contrairement à l’œuvre d’origine, où le héros était vendeur en assurances) en qui le pays fonde de grands espoirs. Alors qu’il ambitionne de conquérir le siège de sénateur, il voit sa carrière compromise le jour où un tabloïd révèle un épisode peu glorieux de son passé. Il subit une lourde défaite aux élections sénatoriales mais, lors du meeting qui s’ensuit, rencontre par hasard Elise (Emily Blunt), une charmante danseuse étoile dont il tombe immédiatement amoureux. Il réalise que sa vie n’est pas celle qu’il voulait et s’évertue à retrouver cette mystérieuse jeune femme coûte que coûte. Débarquent alors des agents d’une organisation secrète bien décidés à l’en empêcher, afin qu’il ne s’écarte pas d’un mystérieux programme nommé « Le Plan ». David va devoir choisir entre sa carrière et l’amour de sa vie.
Il faut quand même mettre au crédit de cet exercice raté une mise en scène plutôt soignée, qui évite à bon escient l’habituelle débauche d’effets numériques tape-à-l’oeil, pour privilégier un jeu ludique sur les éléments de décor dans New-York à travers quelques courses-poursuites bien ficelées. Mais aussi la performance convaincante du couple d’acteurs, dont la complicité n’est pas à remettre en cause. D’un côté un Matt Damon très crédible en homme politique ambitieux qui se transforme en monsieur-tout-le-monde. De l’autre une Emily Blunt particulièrement sexy et pétillante. Des éléments notables mais franchement insuffisants pour sauver ce film qui fait l’effet d’un pétard mouillé.