La nuée

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Une fable sociale qui flirte avec le fantastique; une première œuvre prometteuse.

Vert pâle

En matière d’écologie, un grand nombre d’observateurs se rejoignent pour nous prédire un avenir très sombre si des changements radicaux n’interviennent pas dans nos modes de consommation. Notamment de fortes  pénuries alimentaires. Partant de là, l’élevage de sauterelles mis en place par Virginie œuvre à la réduction  d’aliments carnés, cause de bien des maux environnementaux. Voila un projet qui a de la gueule sur le papier et qui a de quoi rassurer les « bien-pensants » qui érige l’écologie en modèle vertueux. Just Philippot ne prétend pas contester l’idée d’un changement de modèle mais il a l’intelligence de remettre la nature humaine au centre du sujet. Quelles que  soient les bonnes intentions de Virginie, pour assurer la survie financière de sa petite famille, elle n’hésitera pas à donner  de son sang et à sacrifier ses animaux domestiques pour doper ses petites sauterelles.

Ici, la dialectique n’est pas traitée de façon manichéenne, car il n’ y pas réellement un avant et un après, qui justifierait un changement radical dans la personnalité de la mère de famille. En grande partie grâce à la prestation  de Suliane Brahim qui sous pression zigzague entre ambition et désespoir, tout en étant constamment à fleur de peau. Ses zones d’ombre éclairent la situation. Son énergie électrise l’atmosphère, jusqu’à l’électrocution finale. Autour de Virginie, même si certains partenaires  paraissent patibulaires, ils sont loin d’être aussi monstrueux que prévus.

Hybridation réussie

Argument commercial oblige, la bande annonce laisse augurée une plongée en apnée dans les abimes du fantastique, tendance organique et gore. Focalisation sur les insectes, la contamination par les pores, par le sang; le parallèle avec le cinéma de David Cronenberg et plus récemment celui de Julia Ducournau frappe régulièrement à la porte. Sans atteindre  pour autant les sommets du spectaculaire et de l’effroi; faute de moyens pour les effets spéciaux, mais surtout  animé  par le désir de garder l’équilibre, Philippot développe un regard beaucoup plus terrien sur le sujet, qui accorde une part importante au portrait social. Depuis Petit Paysan, le cinéma prend en compte le désarroi d’un monde agricole qui, poussé dans ses retranchements par les lois du marché, ne peut pas s’en sortir en gardant intactes sa lucidité et ses valeurs. Ce quotidien infernal dans lequel ce petit monde patauge rend l’angoisse du futur encore plus palpable. Le cauchemar ne fait que commencer.

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Durée : 101 mn


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