La French

Article écrit par

Deuxième long métrage de Cédric Jimenez, « La French » sniffe d´un peu trop près le cliché.

Duo de stars à l’affiche de La French, Jean Dujardin et Gilles Lellouche, amis dans la vie, ennemis à l’écran s’offrent des rôles taillés sur mesure – comme leurs costumes style années 70. Et c’est bien à cette période que le film nous plonge, nous spectateurs, observateurs d’un âge d’or du trafic de drogue Marseillais outre ses frontières. La « French Connection », son histoire, son glamour et le sang qui coule derrière toute cette organisation mafieuse et illégale a déjà trouvé sa place dans un film marquant de William Friedkin, en 1972, avec l’excellent Gene Hackman. Deux Oscars à la clé, meilleur réalisateur et meilleur acteur pour une histoire racontée d’un point de vue américain. 2014, Cédric Jimenez joue plutôt la carte française et notamment celle du juge en charge du dossier « Gaëtan Zampa », le chef des chefs, le plus gominé de tous. Jean Dujardin joue le gentil justicier de la loi au destin tragique. Gilles Lellouche le méchant avec classe, enfants et sang-froid.

 


Gilles Lellouche en "Zampa" © Gaumont Distribution

 
 

Ce qu’il faut prendre en compte avant d’aller voir La French, c’est le budget que ce film a réuni : vingt-et-un millions d’euros, c’est-à-dire le plus gros budget du cinéma français pour l’année 2014. Alors on peut se demander, un gros budget fait-il un bon film ? Et de répondre à cette question naïve, tout aussi naïvement… Si les effets sont à la hauteur des attentes, les scènes de cascades, de tournages, sur Marseille ou en Belgique, dans le port ou dans une villa de luxe toutes plus impressionnantes les unes que les autres, le long métrage souffre de longueurs. Il n’est pas désagréable, comme un aller-retour entre le bon et le méchant, la brute et l’insistant. Mais il manque une originalité à cette histoire déjà racontée, déjà connue du grand public. Peut-être qu’il manque même une certaine crédibilité à ce duo de stars, déjà vu à l’écran ensemble (Les Infidèles, Les Petits Mouchoirs) et qui – selon le dossier de presse – a eu le rôle (entre autres) pour leurs ressemblances physiques avec les vrais juge et trafiquant de drogue.

Les femmes ne sont pas à part dans La French (Céline Sallette, Mélanie Doutey), épouses et mères, soumises ou réactionnaires. Mais c’est véritablement ce duo, Dujardin/Lellouche qui créé la trame du film, tombant parfois dans le cliché. Marseille, ses trafics, ses assassinats brutaux, ses justiciers au grand cœur, dévoués à leur métier et à leurs défis de faire respecter la loi. La réalisation est soignée, les plans sont beaux et léchés. Mais malgré une esthétique très travaillée, que reste-t-il de cette histoire d’un point de vue émotionnel, humain, voire même comme actualité, fait divers ? Peu de choses. La réalité s’est bien faite détrôner par la fiction pour finalement se noyer petit à petit dans les calanques de la cité phocéenne…

 


Jean Dujardin en juge Michel © Gaumont Distribution

 
 

Titre original : La French

Réalisateur :

Acteurs : , , , , , ,

Année :

Genre :

Durée : 135 mn


Partager:

Twitter Facebook

Lire aussi

L’étrange obsession: l’emprise du désir inassouvi

L’étrange obsession: l’emprise du désir inassouvi

« L’étrange obsession » autopsie sans concessions et de manière incisive, comme au scalpel ,la vanité et le narcissisme à travers l’obsession sexuelle et la quête vaine de jouvence éternelle d’un homme vieillissant, impuissant à satisfaire sa jeune épouse. En adaptant librement l’écrivain licencieux Junichiro Tanizaki, Kon Ichikawa signe une nouvelle « écranisation » littéraire dans un cinémascope aux tons de pastel qui navigue ingénieusement entre comédie noire provocatrice, farce macabre et thriller psychologique hitchcockien. Analyse quasi freudienne d’un cas de dépendance morbide à la sensualité..

Les derniers jours de Mussolini: un baroud du déshonneur

Les derniers jours de Mussolini: un baroud du déshonneur

« Les derniers jours de Mussolini » adopte la forme d’un docudrame ou docufiction pour, semble-t-il, mieux appréhender un imbroglio et une conjonction de faits complexes à élucider au gré de thèses contradictoires encore âprement discutées par l’exégèse historique et les historiographes. Dans quelles circonstances Benito Mussolini a-t-il été capturé pour être ensuite exécuté sommairement avec sa maîtresse Clara Petacci avant que leurs dépouilles mortelles et celles de dignitaires fascistes ne soient exhibées à la vindicte populaire et mutilées en place publique ? Le film-enquête suit pas à pas la traque inexorable d’un tyran déchu, lâché par ses anciens affidés, refusant la reddition sans conditions et acculé à une fuite en avant pathétique autant que désespérée. Rembobinage…