La Buena Vida

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Film choral honorable sur quatre existences, au Chili, en plein coeur de la métropole de Santiago.

La caméra d’Andrés Wood suit des destinées sud-américaines, au milieu de la ville de Santiago. Sillonnant les rues à pied, en bus ou en voiture, tous les personnages sont traversés par une quête. Patricia, mère célibataire d’un nourrisson, cherche à gagner quelques sous pour survivre. Mario est un jeune clarinettiste talentueux qui tente d’entrer dans l’orchestre philarmonique. Edmundo est plus âgé. Coiffeur de quarante ans, ce dernier rêve de se payer une voiture. Enfin, il y a Teresa, l’assistante sociale, chargée des campagnes contraceptives auprès des prostituées et mère de Paula, une ado de quinze ans enceinte.

Les gens d’en bas

La Buena Vida ou la belle vie. Oui, mais on en est bien loin. Le réalisateur chilien filme la pauvreté de ces quelques habitants résidant dans les pays dits du Sud. Loin de tomber dans le misérabilisme, Andrés Wood, élabore ce portrait avec une grande sobriété. Patricia erre dans le paysage urbain et étouffant avec son allure de junkie. Autour d’elle, de grands bâtiments, avec leurs murs défraîchis et insalubres. C’est le personnage le plus marginal de l’histoire et, paradoxalement, le seul qui observe la ville, du haut de son appartement. Mario, lui, répète sa musique comme il peut, dans un immeuble délabré, au milieu de voisins tapageurs. Le décor n’est pas somptueux. Les personnages sont peu filmés chez eux, hormis Teresa, qui a réussi son insertion sociale. Parfois même, ils ne possèdent pas leur propre nid. C’est le cas d’Edmundo. Depuis quatre décennies, il n’a pas changé de chambre. Lieu de domicile : l’appartement de maman.

Santiago, la ville et la vie qui s’écrivent

Andrés Wood dresse un tableau réaliste de la métropole chilienne à travers des personnages qui ne sont pas tous logés à la même enseigne. C’est par leur moyen de locomotion que le cinéaste suggère leur condition sociale. Ainsi, Teresa est fimée au volant de sa propre voiture, Edmundo conduit un véhicule qui n’est pas le sien et prend le bus où il croise Mario, tandis que Patricia ne se déplace qu’à pied. Ce quatuor de citadins, confronté aux difficultés de la vie quotidienne, se frôle sans se voir au détour d’une rue, d’un chemin ou dans les transports en commun. Mais les personnages aspirent tous à une même chose : s’accomplir, à son échelle, autrement dit, parvenir à cette Buena Vida, titre du film mais également celui du roman qu’écrit Paula, la fille de Teresa. Mystère que le contenu de ce livre. Peut-être parce qu’après tout, chacun doit écrire sa propre belle vie, même après un passage au cimetière.

Le long métrage est porté par des acteurs dont l’interprétation sonne très juste. A l’issue de la cérémonie des Goyas, La Buena Vida n’est pas ressorti bredouille (Goya du Meilleur Film Hispanophone). Toutefois, l’émotion qui surgit n’est pas fracassante. Le réalisateur ouvre, ferme puis rouvre à nouveau des fenêtres sur les existences des uns et des autres, tout cela en s’appuyant sur des transitions trop légères. Une faille dans cette trame narrative qui, par moments, s’avère relâchée mais le portrait de cette société chilienne reste tendre et attachant.

Titre original : La Buena Vida

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Durée : 98 mn


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