Hommage à Milos Forman

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A l’occasion du décès de Milos Forman, revenons sur la carrière d’un réalisateur de génie.

Le grand cinéaste tchèque Milos Forman tire sa révérence, laissant derrière lui une oeuvre orientée sur l’individualisme et la liberté, construite à partir de la traversée d’un siècle et des bouleversements de l’Histoire, qui démarrera pour le réalisateur à Prague en 1932 et connaîtra les soubresauts des révoltes des années 60. Opposé au régime communiste dans l’ex-Tchécoslovaquie, Milos Forman quittera son pays avec l’arrivée de l’occupation soviétique, en ayant déjà auparavant répandu, à travers ses oeuvres débutantes, l’irrévérence de ton qui caractérisera ses films à venir et son attrait pour les êtres qui défient les normes. C’est précisément la répression du Printemps de Prague qui guidera son exil aux États-Unis, même si son goût de la satire se déployait déjà dans ses films tchèques comme L’As de pique (1963) ou Les Amours d’une blonde (1965), qui le firent remarquer de la critique internationale. Sorte de chef de file de la nouvelle vague tchèque, Miloš Forman capturera aux Etats-Unis cette liberté à travers les mues de la société dans Taking Off (1971) tandis que l’oppression du régime communiste laissera place à celle du conformisme et des carcans moraux dans ses différents films américains, le plus célèbre restant Vol au-dessus d’un nid de coucou (1975), plongée terrible dans le système aliénant d’un hôpital psychiatrique, film qui lui vaudra son premier Oscar du réalisateur, suivi quelques années plus tard de la même récompense pour Amadeus. La folie du comique Andy Kaufman dans Man on the Moon (1999) comme la sexualité étalée de Larry Flynt (1996) met en lumière les rebelles et les excentriques chers à Forman. Cela peut prendre un tour plus universel et intemporel quand Forman célèbre le génie de Amadeus (1984), ou la dévotion à son art du célèbre peintre dans Fantômes de Goya (2005), son dernier film. Une filmographie à (re) parcourir encore davantage maintenant que son créateur n’est plus pour ramener le vent contraire qui aura guidé une création toujours rétive au joug du monde.


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