Homefront

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Le film où tout est dans la bande-annonce.

Phil Broker (Jason Statham) coule des jours paisibles à Rayville, Louisiane, petite ville logée au cœur des bayous et des marécages, avec Maddy (Izabela Vidovic), sa fille de dix ans. Mais la vie de père célibataire (Madame Broker est décédée) n’est pas rose tous les jours, surtout quand la petite Maddy décide de mettre une raclée au caïd de la cour de récré. Un événement a priori insignifiant qui va créer un effet boule de neige dramatique puisqu’il va mettre en danger la couverture de Broker, en réalité ancien de la brigade des stupéfiants, responsable deux ans auparavant de l’arrestation d’un gang de biker trafiquants de meth. Rattrapé par son passé (il aurait peut-être dû commencer par changer de nom), il va tout faire pour protéger sa fille, menacée par un dealer local (James Franco) et des biker revanchards.

Adapté d’un livre de Chuck Logan par Sylvester Stallone, Homefront était prévu pour être le dernier volet de la saga Rambo avec Stallone himself dans le rôle de Broker. Le tournage de Rocky Balboa (2006) et l’âge incitent finalement l’action hero à passer le flambeau ; ce sera Jason Statham, rencontré sur Expendables (2010, produit par Millenium, également à l’origine de Homefront) qui sera désigné héritier du rôle. Plus qu’un rôle, un défi à en croire l’acteur britannique, Broker n’étant « ni macho ni gros dur » selon ses propres mots, bien loin du Transporteur (2002) qui l’avait rendu célèbre.

Dans ses derniers films, Statham était avant tout un corps fait pour le combat. Ici son personnage est un homme qui veut qu’on lui fiche la paix et qui n’utilise la force qu’à contrecœur. S’il se bat, c’est seulement pour sauver la vie de sa fille, et la sienne, ce qui écarte le plaisir primaire de la baston gratuite entrecoupée de punchlines au second voire au troisième degré. Le film a plutôt tendance à se prendre au sérieux, nous ne sommes pas dans un actioner de chez Cannon Group, merci bien. Même si les (rares) scènes d’action sont surdécoupées et gâchées par des panoramiques sous ecstasy, ces fameux « swoosh pans » malheureusement à la mode. Ne clignez pas des yeux à ces moments là, vous risqueriez de rater quinze plans.

 

C’est que les références de Gary Fleder ne se trouvent pas du côté du film d’action, mais du western classique. Un étranger arrive dans une petite ville, attire l’attention des autochtones qui commencent à le rudoyer jusqu’à ce qu’il se décide à reprendre les choses en main pour que cette même petite ville retrouve sa tranquillité. Une chose est sûre, si Gary Cooper avait maîtrisé l’art du low kick et du back fist, Frank Miller serait gentiment resté assis dans le train en attendant qu’il ait fini de siffler. Cette fois, les motos ont remplacé les chevaux, et les red necks bas du front les mercenaires hors la loi. Depuis Hitchcock, on a coutume de dire que plus le méchant est réussi, plus réussi sera le film. Là doit alors résider le problème de Homefront. Une fois passée la surprise de voir James Franco en dealer de drogue au nom improbable, on se rend vite compte qu’il ne représente aucun danger. Même l’acteur semble en avoir conscience malgré les efforts du scénariste pour le faire passer pour un sociopathe, défonçage de genou à la batte de base-ball et enlèvement de chaton à l’appui. Les méchants sont en carton, si bien qu’on ne doute à aucun moment de la victoire de Broker, trop facile pour être intéressante, et trop vite expédiée pour créer un quelconque suspense.

Certes, Gary Fleder n’est pas un formaliste et ne prétend pas l’être, comme en témoignait son Collectionneur (1997) ; oui, le scénario flirte avec la série B, néanmoins la photo est propre, ce qui n’est pas toujours le cas dans ce genre de films. Cela n’empêche quand même pas un léger ennui de s’installer. Vraiment, les super héros ne devraient pas avoir d’enfants.
 

Titre original : Homefront

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Durée : 100 mn


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