Adapté du livre Thèse sur un homicide de Diego Paszowski, Hipotesis est le second film d’Hernan Goldfrid, encore inconnu en France où sa comédie romantique Musica en Espera (2009) reste inédite. Ce n’est d’ailleurs pas le nom du réalisateur qui est mis en avant dans le dossier de presse mais celui de Ricardo Darin, la nouvelle star du cinéma argentin. En effet, thriller + Darin = succès comme l’avaient prouvé Les Neuf Reines (2002) et Dans ses yeux (2010). Le calcul s’est révélé concluant, en tout cas en Argentine, où le film est resté en tête du box-office pendant 3 semaines.
La réponse se trouve dans les détails. Postulat intéressant au cinéma, que le réalisateur aurait dû mettre en pratique : s’amuser avec ce qu’il nous montre, ce que l’on voit ou que l’on croit avoir vu. Mais là où Alex de la Iglesia se jouait de ses personnages et du spectateur, marionnette consentante d’un théâtre d’illusions fait de fausses pistes et d’énigmes, Goldfrid impose la réponse à l’énigme dès le début du film, une fois pour toutes, sans la remettre une seule fois en question. Nous espérons avoir à nous méfier des apparences, à être surpris mais ce que nous voyons est tout ce qu’il y a à voir. Une manière efficace de tuer l’esquisse d’intérêt qui se dessinait au moment de l’annonce du meurtre.
Le peu d’intérêt ressenti face au film tient aussi à ses personnages. Bermudez et Cordera se manipulent, se jaugent, se provoquent pour pousser l’autre à la faute, sauf que la relation malsaine qu’ils entretiennent n’est crédible à aucun moment. L’éminent professeur n’a objectivement aucune raison d’être obsédé à ce point-là par cet étudiant propre sur lui, sans aspérité aucune.
Pourquoi cette fascination ? Pourquoi ce meurtre et surtout comment ? Goldfrid signe là un scénario à trous qui zappe des scènes nécessaires à la cohérence du récit. Et la seule interrogation qui vient à l’esprit à la fin du film se résume à «oui, et alors ?».