Cette manière d’avancer à découvert, d’afficher ostensiblement la moindre intention est peut-être ce qui l’empêche de devenir un très bon cinéaste. Dans Fils de, HPG est à nouveau en pleine crise existentielle : il a désormais deux enfants et questionne ici, alors qu’il s’apprête à tourner une fiction, la difficulté à concilier vie de famille – et a fortiori de chef de famille, HPG a une idée très précise des rôles définis – et carrière professionnelle toujours à la marge. Quel héritage pour ses enfants ? Comment leur expliquer, plus tard, son métier, lui à qui son père ne parle plus depuis qu’il a embrassé cette voie ? Quelle place laissée à sa femme Gwenaëlle Baïd, qui découvre son carnet de conquêtes (plus de 1200) et doit s’occuper des enfants quand lui enchaîne tournages porno et rendez-vous avec son producteur ? Pour tenter d’apporter des éléments de réponse, HPG enregistre à la pelle scènes de la vie conjugale et du quotidien sous forme de journal filmé manière gonzo : un dîner entre amis désastreux, les préparatifs d’une scène de X, des entretiens avec le chanteur Christophe (qui signe la musique du film). Il tente, fouille, pose des questions, s’essaye à la mise en scène – un plan tout malickien à hauteur de son fils filmé de dos fait office de petit miracle au milieu d’un ensemble d’images plutôt moches.
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Délesté d’une vraie recherche visuelle, il se recentre sur lui et les siens, creuse surtout une certaine forme d’auto-flagellation qui, trop systématique, n’est émouvante que par intermittences : pour une séquence porno, il a du mal à bander ; ailleurs, il n’arrive pas à mener à bien son projet de fiction (“Je ne veux plus jamais entendre parler de toi”, lui lance son producteur) ; plus tard, Gwenaëlle le met à la porte d’un dîner organisé chez eux. Qu’est-ce qui, alors, rend finalement Fils de attachant et intriguant ? Certainement ce mélange d’absolue détermination (je veux être cinéaste) et de perpétuelle peur de l’échec (je n’y arriverai pas) : HPG semble souvent s’excuser d’essayer. Alors il lance des pistes, s’interroge et, dans ses meilleurs moments, le film n’est pas étranger au procédé d’Alain Cavalier du Filmeur (2005) ou d’Irène (2009). En naviguant à vue et en n’affichant aucune certitude, le film inspire curieusement la sympathie, mais aussi la plus grande bienveillance.