Conférence à la Cinémathèque : Blake Edwards et les années 80

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Ce lundi avait lieu à la Cinémathèque une conférence menée par le critique et théoricien Jean-Baptiste Thoret dans le cadre de la rétrospective consacrée à Blake Edwards.

Le thème du jour se portait sur la formidable embellie créatrice que connut le réalisateur durant les années 80 après une décennie précédente plus chaotique mais néanmoins passionnante. Durant les eighties, Edwards retrouve une verve comique percutante qu’il agrémente d’une tonalité plus provocante et vulgaire jubilatoire dans des récits de mœurs tournant autour du rapport hommes/femmes. Thoret dans son analyse décrypte les éléments de cette inspiration nouvelle qui trouve ses origines dès ses premiers films des années 50 et durant son âge d’or des sixties. Ainsi au travers d’extraits liant les thématiques entre les films « anciens » et les « modernes », Thoret distingue plusieurs figures récurrentes qu’Edwards aura su réinventer.
 
Les comédies militaires Vacances à Paris (1958) et Opération jupons (1959) mises en parallèle avec des œuvres comme L’Amour est une grande aventure (1988), montrent ainsi la manière dont la figure masculine se trouve émasculée par une présence féminine à la personnalité forte et à la sensualité affirmée. Si dans les œuvres des années 50, cela passe par une conventionnelle cassure d’un univers masculin puritain et vivant en vase clos, la même idée s’avère nettement plus spectaculaire sur les titres récents, à grand renfort de gags outranciers et hilarants. Ainsi Thoret place bout à bout des scènes similaires de The Party (1968), That’s Life (1986) et L’Amour est une grande aventure où le héros se trouve émasculé au propre comme au figuré avec pour le dernier cité un extraordinaire moment comique sur fond de préservatif phosphorescent.
 
Une des réussites majeures du Edwards des années 80, Victor Victoria traite du travestissement et là encore Thoret démontre que le thème n’est pas nouveau chez le réalisateur qui lui donne simplement une veine plus provocatrice et dans le ton de l’éveil de la culture Queer d’alors. Le travestissement d’identité d’Audrey Hepburn dans Diamants sur canapé (1961), d’ordre uniquement social s’orne d’une veine plus sexuelle dans Victor Victoria donc, mais aussi dans le principe de Dans la peau d’une blonde (où un Don Juan se retrouve dans le corps d’une femme) ou de cette étrange scène de L’Amour est une grande aventure, où le héros en couchant avec une femme bodybuildée se trouve réduit à une soumission plus « féminine » face aux assauts de son imposante partenaire.

Voici donc un aperçu de la riche et captivante réflexion de Jean-Baptiste Thoret qui amène une cohérence passionnante dans l’œuvre d’un Blake Edwards dont les multiples vies de réalisateur ne sont pas si évidentes à lier entre elles.


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