Cloclo

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Comme disait Stanley Kubrick : « si un personnage est entièrement bon, il faut immédiatement trouver là où il est mauvais et inversement… ».

La Môme, Mesrine, Gainsbourg (vie héroïque), Coluche, l’histoire d’un mec, Sagan, Coco avant Chanel, …C’est un fait, les Français multiplient les biopics qui se font désormais de plus en nombreux et malheureusement de plus en plus lassants faute d’avoir de réels partis pris scénaristiques et de mise en scène (hormis peut être éventuellement le Coco Chanel et Igor Stravinsky de Jan Kounen). Habitué au cinéma de genre à grand spectacle, Florent Emilio Siri plaça la barre très haute dès le début de sa filmographie en signant l’excellent Nid de Guêpes, remake inavoué du Assaut de Carpenter. Aux confluents du thriller en huis clos, du western, du film d’action et même du cinéma fantastique, le réalisateur y démontra un savoir faire et une maîtrise considérable en termes de mise en scène mais aussi de ton tout en injectant un amour manifeste pour un certain type de cinéma d’une époque révolue, à commencer par le cinéma des années 70. Après une virée aux Etats Unis avec Bruce Willis pour un Otage inégal ainsi que son dernier film en date sur la guerre d’Algérie, L’Ennemi Intime, le cinéaste revient en force pour un film sur Claude François, d’une ampleur et d’une virtuosité hors paire. De l’annonce de sa naissance en Egypte à l’annonce de son décès accidentel à Paris, nous assistons à la vie de Claude François, artiste chanteur, grand romantique, businessman, et maniaque névrosé.

Dans la conscience collective française, le personnage de Claude François peut paraître assez peu intéressant (voir même ringard !) au premier abord mais, traité avec passion par un vrai metteur en scène derrière la caméra, cela donne un film qui n’a strictement rien à envier à un Aviator ou un Raging Bull de Scorsese. « Après une trentaine de clips, j’avais envie de signer un grand film musical qui soit aussi un biopic centré autour du thème de la famille » dixit le réalisateur. Fort d’un budget de 20 millions d’euros et produit par Julien Rappeneau (également co-scénariste du film), l’objectif est donc ici de signer un grand film sur la vie d’un homme dans toute sa complexité en traitant tant de ses forces que ses faiblesses, ses failles et ses fêlures, le tout imprégné d’une forte dose d’émotion. Tout comme Claude François exprimait une admiration et un enthousiasme pour la musique américaine (et exprimait ainsi la volonté de reproduire quelque chose de semblable), il en va manifestement de même pour Florent Emilio Siri dans le cas du cinéma et de la mise en scène. Ainsi, ayant recours à un découpage inventif (dont deux plans séquences particulièrement impressionnants) qui va de pair avec un montage percutant ainsi qu’un mixage détonant (les chansons de Claude François mêlées à la partition d’Alexandre Desplat), le métrage trouve une force rarement égalée lors des dix dernières années dans le cinéma hexagonal.

 

Tout cela serait bien évidemment fortuit sans la présence de Jérémie Rénier dans le rôle-titre qui nous gratifie d’une performance magistrale. En effet, au-delà de la simple apparence physique, d’une ressemblance saisissante et d’un mimétisme millimétré, l’acteur belge fait preuve d’une versatilité surprenante, interprétant toutes les facettes du chanteur à chaque étape de sa vie. À ses côtés, l’acteur fétiche du réalisateur Benoît Magimel dans le rôle du manager de Claude François, Paul lederman mais aussi Robert Knepper (la série Prison Break entre autres) dans le rôle de Frank Sinatra, l’idole du personnage principal. Tout le film est par ailleurs articulé autour de l’idée du destin d’un artiste et de son cheminement et auquel le personnage de Sinatra rajoute une aura supplémentaire à la fois mythique et mystique. Le film n’est cependant pas complètement exempt de défauts et l’on regrettera par moments quelques petits bémols à commencer par un scénario sans doute un brin linéaire et classique, ainsi que certains excès provenant de divers comédiens par moments, à commencer par Monica Scattini interprétant la mère du personnage. Peu importe, le film s’avère tellement être un franc succès artistique, il serait fâcheux de trop pinailler sur ces quelques points noirs.

Avec Cloclo, nous assistons à la première grosse surprise française de 2012 et, à l’instar de Renoir, Melville, ou encore Clouzot, il n’est pas impossible que Florent Emilio Siri parvienne à nouveau nous faire rêver devant le cinéma français, le grand, le vrai.
 

Titre original : Cloclo

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Durée : 148 mn


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