Un film fourre-tout
Or, à vouloir parler de tout, on ne parle de rien. Cet enchevêtrement d’intrigues – dont on ne saurait dire laquelle est principale, sinon que le récit a lieu en 1923 – reste à la surface des choses. Trop dispersé, le film manque de concentration dramatique. Et de ses tragédies personnelles, nous ne voyons que de pâles fantômes, des ersatz des grandes histoires qui avaient su frapper au cœur de la douleur.
La mise en scène du vide
À l’instar de Georges, Cessez-le-feu traverse les années 20 aveuglé par le cynisme. Tout semble inerte, morbide, dans la photographie pâle de Tom Stern, d’ordinaire photographe des films de Clint Eastwood. Cet univers de spectres n’a plus aucune valeur : sans énergie, Georges et la caméra contemplent un monde que les patrons exploitent de nouveau, n’hésitant pas à se faire de l’argent en déminant les champs de l’Argonne.
Sans point de vue fort, sinon le froid portrait d’une époque, Emmanuel Courcol légitime les pires clichés. La séquence africaine, au début du film, en regorge : les habitants de la Haute-Volta sont fascinés par les « Tour Eiffel magiques » que leur vante Diofo (Wabinlé Diafé), vénèrent des idoles archaïques, ne comprennent pas la générosité de Georges Laffont. Tout un imaginaire néo-colonialiste que le film redéploie, par faiblesse de la mise en scène. Classique au possible, cette dernière échoue à la fois à explorer un drame intime et à brosser le portrait d’une époque. Coincé quelque part entre le singulier et le général, entre le mélodrame et la révolte, Cessez-le-feu ne porte en lui que le vide d’une mémoire dépolitisée.