À New-York, dans le Queens, Didi et Amy sortent peu du salon de massage chinois où elles travaillent, et qui leur sert de refuge. Un jour, Didi disparaît. Cet événement inattendu rapproche Amy de Cheung, l’amant de Didi. Tous deux luttent contre leur solitude nouvelle et pour garder foi en un avenir incertain.
Blue Sun Palace est le premier long-métrage de la réalisatrice sino-américaine Constance Tsang. Inspiré de Flushing, son quartier natal – où vit la plus grande communauté asiatique new-yorkaise – le film met en scène dans les rôles principaux Lee Kang-sheng, l’acteur fétiche du réalisateur taïwanais Tsai Ming-liang, ainsi que Ke-Xi Wu, que l’on a pu voir récemment dans Black Tea, et Haipeng Xu, qui jouait dans Vénus sur la Rive, présenté à l’ACID en 2021.
Blue Sun Palace est un film sobre et intimiste, qui fait le choix de la lenteur pour exprimer le vide émotionnel des protagonistes. De nombreux plans-séquences permettent aux acteurs d’exprimer par eux-mêmes les sentiments complexes que sont le deuil, l’amour et le manque. Les dialogues sont peu nombreux, ce qui parfois peut être une force mais donne ici l’impression de personnages trop ténus. Blue Sun Palace est un film sur l’absence, et sur le sentiment profond de solitude qu’elle engendre. Amy souffre aussi bien de la perte de son amie que du constat qu’elle semble être la seule à qui Didi manque autant. À l’exception de Cheung, son amant, mais avec qui Amy ne partage finalement rien d’autre que ce deuil commun.
Tourné sur pellicule, le film présente une esthétique froide, tant par l’omniprésence de la couleur bleue que par la sobriété des décors. Blue Sun Palace est un huis clos. La ville est très peu montrée, au profit de lieux aseptisés tels que le salon de massage ou différents restaurants. Constance Tsang met ainsi en avant l’universalité de l’histoire qu’elle raconte, qui est celle du déracinement, celle des immigrés vivant à la marge et qui courent après des rêves qui ne se réaliseront jamais. Mis à l’épreuve, Amy et Cheung errent ainsi dans les couloirs de l’établissement tels des fantômes privés de joie et d’espoir. Si Blue Sun Palace met en scène des acteurs très talentueux – Haipeng Xu est d’ailleurs marquante, bien qu’elle n’apparaisse que durant la première partie du film – l’intrigue aurait mérité davantage de profondeur. On en ressort avec le sentiment d’un sujet malheureusement traité un peu trop en surface.