Pour tous ceux qui ont été envoutés durant leurs jeunes années par la trépidante musique de Gounod qui les conduisait vers le profil d’ Alfred Hitchcock, malicieux maître de cérémonie de son anthologie éponyme, pour tous ceux qui n’auraient jamais eu l’opportunité de se laisser transporter dans une série où le suspense et l’humour se jouent de la Morale avec un plaisir sans cesse renouvelé, ce coffret – ainsi que celui dont nous vous parlerons dans quelque temps- est tout simplement indispensable.
Idée de génie.
Mitan des fifties, Lew Wasserman, à la tête de MCA (Music Corporation of America) réussit – contre monnaie sonnante trébuchante – à convaincre Alfred Hitchcock de se mettre en scène et de mettre en scène pour le petit écran. Ainsi, outre l’obligation contractuelle de réaliser quelques épisodes, le grand Hitch va superviser l’ensemble des épisodes – dont la durée est de 26 minutes), et va présenter, en les lançant et les concluant, chacun des programmes. Idée lumineuse car le réalisateur possède une notoriété sans équivalent auprès du public. Complice avec le téléspectateur, ironique avec les annonceurs, dans un décor minimaliste où il manie armes blanches et objets du quotidien dans un optique létale, chacune de ses mises en scène est un plaisir qui nous comble déjà avant d’avoir découvert l’histoire dont il est question.
L’empreinte du maitre ès crimes.
Hitchcock dans la forme et dans le fond. Sa bonhommie esquissée au crayon qui ouvre le bal de chaque récit constitue la griffe indélébile et l’âme délicieusement torturante de cette anthologie du crime taille XXXl (268 épisodes). En ligne directe, derrière la caméra pour 17 épisodes, dont Le Cas de monsieur Pelham (Saison 1), véritable chef d’œuvre. Par des « liens familiaux », en nous permettant de retrouver les acteurs et actrices de son univers cinématographique : John Willams (Le crime était presque parfait), Thelma Ritter (Fenêtre sur cours), Joseph Cotten (Les amants du Capricorne), John Forsythe (Mais qui a tué Harry ?)…
Et surtout, ce qui donne une saveur irrésistible à chacune de ces préparations meurtrières; un mélange d’épices à doses variables d’ humour, cynisme, faux-semblants et perfidie, qui transforme les plus sages des John ou Jane Doe en coupables avec ou sans remords. Espionnage, films noir, Whodunit, vengeance, complotisme, et même le western, sont explorés tous les genres et terrains où le meurtre parfait, le vol, le chantage sont des tentations diaboliques.
Univers familier.
Se plonger dans cette anthologie, c’est redécouvrir que le petit écran n’a pas attendu l’âge d’or actuel des séries -que l’on nous vend ainsi depuis une bonne décennie-, pour nous offrir de véritables bijoux. La recette est immuable. D’excellents scénarios , histoires originales ou adaptations de nouvelles de grands auteurs : Robert Bloch, William Irish, Ray Bradbury…et même Philip RothUn twist final pour rebattre les cartes ou comme un ultime clin d’œil complice. Ces superbes mécaniques scénaristiques sont d’autant plus réussies lorsque leurs toiles se tissent autour des foyers de la Middle-Class. Des engrenages où chacun d’entre-nous peut se transposer comme dans Mink ( saison 1) où une épouse se voit accuser de vol, ou Incident in a Small Jail (saison 6)
Des interprètes de haute volée, aux noms précédemment cités, Robert Redford, Gena Rowlands, John Cassavetes, Peter Falk, Vincent Price, Steve MC Queen… ne sont qu’une infime partie de ce casting sans équivalent.Des réalisateurs phares du petit écran Robert Stevens (44 épisodes), d’autres plus prestigieux qui y on fait leurs armes : Stuart Rosenberg,, Robert Altman, et d’autres grands noms tels que Paul Heinreid et Ida Lupino. Du très ouvrage, pour tous les cinéphiles et tous les autres fans d’histoires courtes et trépidantes.
Sont disponibles chez Éléphant Films, chaque saison ( 6 DVD pour chaque) et mieux encore le coffret des 7 saisons) enrichi d’un superbe et riche livret qui présente tous les épisodes.