Premier long métrage inégal mais qui possède son trouble, « A tous les vents du ciel » est porté par une actrice irradiante.
Un frère et sa grande sœur s’amusent en chansons et gesticulations dans une belle scène d’introduction. La vitre arrière du 4×4 familial est brisée brutalement, des centaines d’éclats de verre volent. C’est lui qui a fait la bêtise mais ils tirent les dés pour savoir lequel des deux endossera la responsabilité auprès des parents. Claire perd, elle est punie et privée d’une excursion dont sa famille ne reviendra pas, victime d’un éboulement. C’est sur cette tragédie de coup du sort que débute A tous les vents du ciel, premier long métrage de fiction du réalisateur et producteur Christophe Lioud, et adapté du roman Si par hasard (2009) de Jean-Baptiste Destremau. A la différence du film, l’ouvrage porte dans son titre le coup de dés d’une destinée qui ne s’explique pas et va peser lourdement sur la jeune Claire, dix-sept ans, survivante du hasard. Tant et si bien que tout en éprouvant ce terrible deuil qui la fait culpabiliser, elle va choisir de remettre son avenir proche entre les mains de l’aléatoire, se laissant happer au gré de ce qui arrive dans l’Afrique du Sud où elle et sa famille étaient venues passer leurs vacances. Tour à tour une bergère africaine l’aide, puis Claire s’échappe d’une mauvaise rencontre avec deux Européens, découvre une jeune pianiste, un travail ou encore vit la naissance d’une idylle ponctuelle.
A tous les vents du ciel est une œuvre atypique, tout autant aux prises avec des particularismes d’amateur que doté d’une aura qui s’abat progressivement sur le film comme une chape de plomb, créant un malaise à même d’évoquer la déroute émotionnelle de Claire. Les dialogues sont pesants et mélodramatiques, tel l’inaugural : "Est-ce qu’on peut se libérer de ceux qu’on aime ?" et l’esthétique rappelle certaines séries françaises usant de l’artifice visuel et d’une dissonance de tonalité fictionnelle. Les différentes rencontres faites par la jeune femme ont le défaut d’être assez convenues dans leur contenu (de même que les scènes d’échanges par vidéos interposées avec sa grand-mère) mais pertinentes dans l’arbitraire qui les détermine. Dans cette région de l’Ouest africain, au nord du Cap, la planéité désertique et interminable du territoire accompagne la perte de repères de Claire, renforcée par la musique sinueuse d’Eric Neveux. Le film est davantage habité par son atmosphère que par son discours.
L’intérêt de ce voyage existentiel en roue libre doit beaucoup à l’interprète principale, Noémie Merlant, avec ses yeux verts de chat, son beau visage singulier, très expressif mais aussi secret. Elle incarne, avec sensibilité, ce personnage plongé dans des méandres post-traumatiques, comme lâché dans le vide sans filet, changeante et bouleversée d’un instant à l’autre, à l’image de l’expérience qu’elle vient de vivre. A tous les vents du ciel est fragile dans sa consistance mais exprime non sans acuité l’angoisse lancinante face aux conséquences d’un simple coup de dés.
Avec « La peau douce », François Truffaut documente une tragique histoire d’adultère seulement conventionnelle en surface. Inspirée par un fait divers réel, la comédie noire fut copieusement éreintée au moment de sa sortie en 1964 par ses nombreux détracteurs; y compris à l’international. Réévaluation.
A l’entame des “swinging sixties” qui vont pérenniser la libération des mœurs, « la garçonnière » est un “tour de farce” qui vient tordre définitivement le cou à cette Amérique puritaine. Mêlant un ton acerbe et un cynisme achevé, Billy Wilder y fustige allègrement l’hypocrisie des conventions sociales et pulvérise les tabous sexuels de son temps. Un an après avoir défié le code de
production dans une “confusion des genres” avec sa comédie déjantée Certains l’aiment chaud, le cinéaste remet le couvert. La satire aigre-douce et grinçante transcende la comédie; défiant les classifications de genre.