Inspiré de faits réels et adapté d’un livre éponyme de Franz-Olivier Giesbert, L’Immortel (interdit aux moins de 12 ans) raconte la vie de Charly Matteï, un parrain du milieu de la pègre marseillaise qui depuis peu a tourné la page sur son passé. Depuis trois ans, il mène une vie paisible et se consacre à sa femme et ses deux enfants. Pourtant, un matin d’hiver, il est laissé pour mort dans le parking du vieux port à Marseille criblé de vingt-deux balles. Il va tout faire pour retrouver le commanditaire de cette vendetta ainsi que ceux qui lui ont tiré dessus.
Richard Berry signe un polar classique, bien loin d’égaler les productions hongkongaises. Toutefois, le film est mieux que ce que laisse paraître la bande annonce, complètement soporifique. Il y reprend les thèmes classiques des films de gangsters tels que la vengeance, la rédemption, l’amitié, la famille… Ce dernier thème prend une place importante tout au long du film. Il est souvent le ciment des personnages, que ce soit pour le héros Charles Matteï (Jean Reno), son avocat et ami Martin Beaudinard (Jean-Pierre Darrousin), la flic Marie Goldman (Marina Foïs) ou même le méchant Tony Zacchia (Kad Merad). A noter, la performance très juste et parfois touchante de Jean Reno et Marina Foïs. Le réalisme des scènes a pu choquer certains critiques mais au final il s’incorpore parfaitement au film, lui donnant une certaine crédibilité sans tomber dans la surenchère de violence et de sang.
Mais bien que le scénario ne souffre d’aucune maladresse, il reste malheureusement trop convenu et manque de rebondissements… Résultat, on s’ennuit un peu. De plus, la réalisation est trop inégale, tour à tour « m’as-tu vu » comme si Richard Berry voulait nous dire « regardez comment je sais faire de beaux plans avec une grue », et brouillonne lors des scènes d’actions, la caméra bougeant tellement que l’on passe complétement à côté de celles-ci. On peut aussi regretter la piètre performance de Kad Merad, qui contrairement à ces deux collègues, surjoue en parrain marseillais bègue et frôle parfois la parodie.
L’Immortel est loin d’être si mauvais, mais malgré quelques bonnes séquences, il a le défaut de ne pas prendre un parti bien défini entre un film de gangster romantique et stylisé et une histoire plus intimiste et réaliste (comme les polars d’Olivier Marchal).
Cette citation de Woody Allen résume assez bien l’une des thématiques du film : « La mort est une des pires choses qui puissent arriver à un membre de la mafia. Beaucoup d’entre eux préfèrent simplement payer une amende. »
Le Joker