Le processus de paix

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Comme Israël et la Palestine, les couples modernes ont besoin d’un processus de paix.

Passage réussi à la comédie

Après une incursion dans le monde de la justice, avec la web-série Les affaires familiales pour Arte, Ilan réalise Le ciel étoilé au-dessus de ma tête, son premier long-métrage de fiction, une tragi-comédie tournée en douze jours. Ce film est présenté au festival de Cannes en 2017 dans la sélection Acid de même que son film suivant, Funambules, un documentaire sur la vie quotidienne de trois patients psychiatriques en 2020. En 2023 sort cette comédie, Processus de paix, coécrite avec Camille Chamoux qui tient aussi magistralement le rôle principal aux côtés de Damien Bonnard qui incarne son mari. Dans un genre complètement différent, ce dernier film est aussi étonnant que Le ciel étoilé au-dessus de ma tête, surréaliste et mélancolique. Ilan Klipper a déclaré vouloir s’essayer à la comédie et c’est une réussite, à la fois trash, réaliste et complètement déjantée. A partir de leurs vies respectives, les deux coscénaristes ont inventé cette trame narrative écrite au cordeau, superbement interprétée et filmée par le chef opérateur depuis toujours, Lazare Pedron formé par le photographe Benoît Debie qui a travaillé pour Gaspar Noé et Harmory Korine, excusez du peu… 

Hommage à Woody Allen

Les esprits chagrins en seront pour leurs frais car on rit beaucoup, et souvent jaune, devant cette débauche de trivialité domestique d’un couple au bord de la crise de nerfs dans une famille juive qui jure, crache, s’invective, vomit et vit sans cesse au bord de la rupture. Il fallait bien que quelqu’un se penche enfin, et de manière différente des films habituels formatés, sur les crises du couple et tente d’y remédier en proposant une charte. Eh bien, c’est fait: Ilan Klipper et Camille Chamoux, en s’inspirant de l’association Co-parents qui prépare les futurs parents utilisant l’insémination artificielle à partager l’éducation de l’enfant, sont parvenus à réconcilier les partenaires. Jusqu’au jour où le couple qui leur sert de modèle d’équilibre leur annonce qu’il se sépare… On dirait des dialogues super ciselés écrit par un Woody Allen qui aurait un peu abusé de la dive bouteille et aurait fait un séjour accéléré dans le boboïde arrondissement du XIème à Paris. Les chastes oreilles vont en prendre pour leur grade tant on se croirait immergé dans la vie réelle d’un couple gueulard pourtant bien bourgeois, quoique bohème : elle travaille pour une radio branchée où elle anime une émission sur le point G féminin et lui est professeur d’université spécialisé justement sur le processus de paix… entre Israël et Palestine. 

Quand la politique rencontre la comédie

Le film qu’avait imaginé Camille Chamoux devait justement s’appeler La Paix et Ilan Klipper lui a préféré Le processus de paix car la vie de couple est toujours au bord de l’implosion comme celui que forment ces ceux pays. « Révélation. Il m’a alors dit : voilà comment doit s’appeler ce film : Le processus de paix ! et Simon doit être prof à la fac de cette histoire-là, explique Camille Chamoux dans le dossier de presse du film. Ce degré méta comme on dit, cette référence implicite permanente à deux peuples qui se ressemblent, vivent sur la même terre mais n’arrivent pas à communiquer, apportait une profondeur et une perspective humoristique à toute l’histoire. »

Un bon choix d’acteurs

C’est un film drôle, cocasse, volontairement vulgaire comme nos vies, très écrit qui repose sur un casting extraordinaire. Bien sur les protagonistes principaux, Camille Chamoux et Damien Bonnard se complètent parfaitement : lui nounours gentil et perdu dans les esclandres que son épouse vraiment trop bavarde lui fait subir à chaque minute. Certains se reconnaîtront et, pour compléter l’ensemble, il s’est adjoint d’autres excellents comédiens tels qu’Ariane Ascaride à contre-emploi dans le rôle de la mamma juive pas si bienveillante que ça ; la soeur et le beau-frère au bord de la nervous break-down, Sabrina Seyvecou et Sofian Khammes, parfaits, accompagnés de leurs enfants capables de saccager en deux minutes un appartement et dont certains sont les propres enfants d’Ilan Klipper. Et mention spéciale à Jeanne Balibar qui se régale à interpréter l’amie de Camille, complètement nymphomane et snob à souhait, peut-être même un peu trop.  Et tous les autres qui apportent au film naturel et trivialité dans un genre de comédie presque underground que n’aurait pas reniée John Waters. 

Titre original : Le processus de paix

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Durée : 93 mn


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