Le Gorille vous salue Bien (1958).
Première des trois escapades du Gorille, espion atypique, athlétique et intrépide à l’image des héros américains, mais si prosaïquement français de part ses côtes râleur, bonne pâte et même pantouflard. C’est la seule aventure qui repose sur les solides épaules de Lino Ventura. L’occasion de développer une persona qu’il va imposer avec bonheur durant trente ans dans notre paysage cinématographique. La tenue du Gorille est taillée sur mesure pour mettre en exergue les facettes si séduisantes de la star. Dans la première partie du film, l’évasion de Géo Paquet, dit Le Gorille, met en exergue son aspect inquiétant, mauvais garçon mais non dénué d’humanité et d’un code d’honneur. -comme celui de Classe tout risque, Claude Sautet, 1960. Une fois révélée sa véritable profession, la partie espionnage de l’intrigue, l’homme de convictions, franc-tireur, prêt à se sacrifier pour la grande cause sort ses griffes. Et enfin, en présence de sa femme, agent secret également, débarrassé de sa carapace, c’est le côté tendre qui s’exprime. Le film est un véhicule idéal pour la dimension physique hors-normes. L’ex catcheur envoie valdinguer ses adversaires comme de simples Stockman et retourne une voiture à mains nues, sans que cela paraisse truqué, excusez du peu ! Les scènes de combat sont rudement menées, les poursuites et autres moments explosifs tiennent la route. Nous ne vous révélerons pas ici le scénario, pour ne pas spolier ses effets, ou parce qu’il n’est peut n’être qu’un simple accessoire.
La valse du Gorille (1959).
Malgré le succès du premier opus, Lino Ventura refuse d’endosser de nouveau la tenue du Gorille, espérant lancer sur d’autres voies sa carrière. Roger Hanin en impose par sa taille, un peu moins par son embonpoint, mais il reste crédible comme déménageur en tout genre. Ventura est un félin indomptable, la bonhomie d’ Hanin et son regard attendrissant en font un ours – parfois mal léché- attachant, moins à l’aise dans les corps à corps – sa doublure prend vite le relais dans l’homérique combat du film. Le personnage du Colonel, chef de la cellule d’espionnage, déjà présent dans l’épisode précédent, prend davantage d’ampleur ici. Quel plaisir de passer de plus longs moments avec l’immense Charles Vanel. Autre acteur qui se rappelle à notre meilleur souvenir, Jess Hahn, dans la peu d’un espion américain au crochet. Les personnages secondaires ne manquent pas d’intérêt car le récit est plus élaboré. Surtout dans la première demi-heure où le Gorille reste hors-champs, dans une intrigue au format racine carrée d’un John Le Carré. La dernière partie est rondement menée. Bernard Broderie rend une nouvelle copie propre, sans aspérités mais suffisamment divertissante. Laissons-nous donc nous séduire par ces deux balades dans un versant oublié, ou trop injustement décrié, du patrimoine cinématographique français.
Le Gorille vous salue Bien/ La valse du Gorille ( Versions restaurées sortie coffret Blu Ray/ DVD chez Pathé.