Elephant

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Lauréat de la Palme d’Or et du Prix de la mise en scène lors du festival de Cannes 2003, s’inspirant du film Elephant d’Alan Clarke ainsi que de la tragédie du lycée Columbine, l’Elephant de Gus Van Sant est devenue une œuvre incontournable. Elephant nous entraîne sur les traces de quelques visages éparpillés, personnages dont […]

Lauréat de la Palme d’Or et du Prix de la mise en scène lors du festival de Cannes 2003, s’inspirant du film Elephant d’Alan Clarke ainsi que de la tragédie du lycée Columbine, l’Elephant de Gus Van Sant est devenue une œuvre incontournable.

Elephant nous entraîne sur les traces de quelques visages éparpillés, personnages dont les noms apparaissent à l’écran comme des intertitres découperaient le film. Certains plans sont parfois identiques, tels des points de rencontre entre les divers acteurs du récit. Mais ils éclatent en plusieurs fragments qui se séparent aussitôt et que l’on retrouve tout au long du film, semblables à des repères. La caméra, tout comme les personnages, prenant différents chemins à chaque séparation, sèment ensuite le doute dans l’esprit du spectateur, créant alors une sensation de vertige. Suivant ainsi chacun des élèves de très près, le spectateur a donc le sentiment de les accompagner, de marcher avec eux, dans leurs propres traces. Les élèves se croisent, leurs parcours s’entrelacent, leurs chemins s’emmêlent, tissant une grande toile dont il deviendra difficile de s’extraire.

S’immisçant ainsi dans l’adolescence de ce lycée où l’irréparable va être commis, le réalisateur nous conduit au cœur de cette école comme au cœur des esprits des jeunes qui la peuplent. Le spectateur est alors littéralement plongé au sein d’un véritable labyrinthe où les couloirs forment des galeries dont la sortie ne semble pas possible. La mise en scène menée par le grand chef d’orchestre Gus Van Sant révèle de nombreux retours en arrière, ralentis, silences… et traduit parfaitement cet état d’enfermement. La musique, souvent issue du répertoire classique, renforce également ce sentiment d’étouffement. La tragédie approche mais aucun des personnages ne la pressent.

Retraçant ainsi les quelques heures avant la fusillade, le réalisateur suit différents parcours de vie, du plus populaire aux boucs émissaires. Il nous ouvre alors un horizon et porte son regard (accusateur ou pas) sur la société américaine. Sans insistance, il met en avant la facilité avec laquelle deux jeunes adolescents ont pu se procurer une carabine. Aucun discours autre que celui d’Hitler à la télévision n’est nécessaire, l’horreur est là.

Gus Van Sant réussit notamment à mettre en lumière cette impression de normalité alors qu’un drame est commis. Eric et Alex, les deux tueurs, ne ressentent plus rien et tuent de sang-froid, comme dans leurs jeux vidéo. « Amstramgram, pique et pique et colegram… ». Qui va mourir ? C’est ainsi qu’Alex choisit ses victimes.

La question est alors posée : qu’est-ce qui peut pousser un être à développer une telle haine de l’autre ? La réponse reste à donner.

« Jamais je n’ai vu de jour si beau et si affreux » dixit Alex. Elephant est une perle, tout simplement, une de celles qu’il ne faut surtout pas louper.

Titre original : Elephant

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Durée : 80 mn


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