Don Siegel

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A l’occasion de la rétrospective que lui consacre la Cinémathèque française, le Coin du Cinéphile est consacré à Don Siegel.

Don Siegel est l’un des derniers réalisateurs sortis de la méritocratie du système hollywoodien (monteur sur le classique Casablanca de Michael Curtiz notamment) avant l’émergence des Sidney Lumet, John Frankenheimer ou Robert Mulligan, qui débuteront à la télévision dans les années 50. Il allie donc l’efficacité et la versatilité du cinéaste hollywoodien dans une série B comme Ça commence à Vera Cruz (1949) tout en capturant les peurs contemporaines avec L’Invasion des profanateurs de sépultures (1956). Il s’avère un rénovateur du polar lorsqu’il revisite un classique du film noir avec A bout portant (1964) tout en redéfinissant le paysage urbain et le ton du genre à travers les antihéros de The Lineup (1958) et Inspecteur Harry (1971). C’est cette alliance de classicisme et de modernité percutante qui lui permet de mettre en valeur des stars en devenir comme Clint Eastwood ou Steve McQueen sur L’Enfer est pour les héros (1962). Le réalisateur profitera également du contexte plus permissif des années 70 pour livrer des œuvres âpres telles que Les Proies (1971). C’est la décennie qui le verra signer le film-somme qu’est l’excellent Tuez Charley Varrick (1973) mais aussi le beau chant du cygne de John Wayne avec Le Dernier des géants (1976).

 

Bonne lecture avant un Coin du Cinéphile consacré à la figure maternelle au cinéma !

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