Captain America

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Le blockbuster de l’été…

Captain America, créé en 1941 dans la foulée du succès de Superman, fut un des tout premiers super-héros. Tout comme Superman également, sa période de création l’amena au-delà de la simple figure de héros de comics pour en faire une sorte de symbole. Symbole patriotique bien évidemment, avec pareil nom et costume, mais surtout la figure de l’américain moyen courageux et fier, prêt à donner le meilleur de lui-même pour se dresser face à toute forme d’oppression. C’est cet esprit que cherche à capter Joe Johnston avec ce qui est sans doute la meilleure production des Studio Marvel à ce jour.

Un des grands atouts de Captain America est la volonté de Johnston de faire un « vrai » film, et pas un véhicule supplémentaire préparant le futur film The Avengers, censé réunir Iron Man, Thor, Hulk et donc Captain America. Le laborieux Iron Man 2 avait grandement souffert de cette volonté de continuité entre les films pour au final ne pas raconter grand-chose, ne tenant au fond que par le charisme de Robert Downey jr. Thor, quant à lui, cédait à la facilité en instaurant des séquences terriennes poussives alors que le shakespearien Branagh déployait toute sa grandiloquence dans les passages en Asgard. Si le lecteur de comics et celui qui a vu l’ensemble des productions Marvel repérera les éléments de continuité, ils ne parasitent pas le film, qui existe donc par lui-même. L’intrigue entière se déroule donc dans cette Amérique va-t-en guerre des années 40, où tout jeune homme ne rêve que de la gloire des combats où il pourra affronter l’ennemi nazi. Le plus déterminé d‘entre eux semble être Steve Rogers, dont le physique malingre est à première vue un frein sérieux, tandis que sa noblesse d’âme en fait le soldat parfait, altruiste et courageux. Le script parvient merveilleusement à faire passer son patriotisme en l’incarnant dans ce héros fort et fragile qui connaît la valeur du pouvoir qui lui est donné et le met au service de la justice. Cet esprit naïf de l’âge d’or des comics passe merveilleusement dans la prestation de Chris Evans, et le film prolonge cet aspect americana lumineux et positif. Johnston avait déjà donné dans l’esthétique pulp 40’s avec son sympathique Rocketeer (1991), et c’est le même charme qui se déploie ici, avec une belle reconstitution et des échanges piquants entre Chris Evans et sa dulcinée.

L’interprétation est solide, notamment Tommy Lee Jones, toujours impeccable, et Hugo Weaving, méchant parfait en Crane Rouge. Contrairement aux autres productions Marvel, plutôt pingre en la matière, les morceaux de bravoures sont nombreux et variés, toujours vecteurs d’émotions, comme le premier grand sauvetage de Cap’ et la très belle scène finale (faisant étrangement songer à l’ouverture d’Une Question de Vie ou de Mort de Powell/Pressburger). Un divertissement humble, généreux et trépidant : le voilà le blockbuster de l’été !

Titre original : Captain America : The First Avenger

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Durée : 123 mn


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