Agra

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Portrait d’une Inde inattendue et cruelle.

Baroque et foisonnant

Présenté cette année à la Quinzaine des Cinéastes du festival de Cannes, le deuxième long-métrage du scénariste et réalisateur indien Kanu Behl, après Titli, une chronique indienne en 2014, poursuit ce chemin de l’observation des mœurs et défauts de son pays. Baroque et foisonnant, Agra (du nom de la ville où il a été tourné à deux heures de Delhi et écrin du très célèbre Taj Mahal) nous offre une histoire tourbillonnante qui nous plonge dans une famille indienne peu commune, comme dans un film néoréaliste italien, qui s’enracine aussi dans la comédie du (re)mariage. Guru a une vingtaine d’années, il travaille dans un centre d’appels à Agra et il est fou amoureux d’une de ses collègues de travail malheureusement imaginaire. Comme il doit se marier enfin, il jette son dévolu sur une femme plus âgée et handicapée qui tient un cybercafé près de chez eux. Mais dans la maison, le désordre règne entre son père qui vit à l’étage avec sa maîtresse et sa mère au rez-de-chaussée qui veut installer une cousine sur la terrasse pour qu’elle y installe son cabinet dentaire. Guru n’a plus de place et pète un plomb. 

 

Violence sexuelle

Malgré quelques longueurs et des plans assez vulgaires pour dénoncer les problèmes de la sexualité chez le mâle indien, Agra a toutefois le mérite de décaper l’image qu’on pourrait se faire de l’Inde, ce pays traditionaliste aux couleurs chatoyantes et aux rites charmants. On y découvre au contraire des règlements de compte, des conflits familiaux très rudes et un mode de vie qui n’a rien à envier au capitalisme sauvage de l’Occident, de même qu’une violence sexuelle effrayante. « Il y a treize ans s’est produit à Delhi un viol qui a défrayé la chronique, raconte le réalisateur dans le dossier de presse du film. Un soir, tard le soir, une jeune femme rentre chez elle avec son petit copain. Un bus passe, avec cinq personnes à bord. Les passagers invitent le couple à monter en disant qu’ils vont le déposer quelque part. Ils violent la jeune femme l’un après l’autre avant d’introduire une barre en acier dans son vagin. Elle décèdera quelques heures plus tard à l’hôpital. (…) Nous vivons dans une société fermée sur elle-même. Nous sommes censés être le pays du Kama Sutra, mais tout cela a en vérité été oublié depuis longtemps. » C’est cette violence et cette pression sociale que montre et dénonce ce film marquant qui risque aussi de séduire la sélection cette année à Cannes. 

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Durée : 135 mn


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