57000 km entre nous

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Sur le net bien plus qu’à la télé défilent une multitude de people, mais pas seulement. A côté des mastodontes de la célébrité, monsieur et madame « Tout Le Monde » tentent de se tailler une place sur le tapis rouge. Objectif : devenir une star de la blogosphère et de l’immense toile. Ainsi, beau-papa […]

Sur le net bien plus qu’à la télé défilent une multitude de people, mais pas seulement. A côté des mastodontes de la célébrité, monsieur et madame « Tout Le Monde » tentent de se tailler une place sur le tapis rouge. Objectif : devenir une star de la blogosphère et de l’immense toile.

Ainsi, beau-papa se déplace tout le temps dans la maison avec sa caméra greffée à la main. La famille affiche un sourire, le même que celui des ménages posant sur la couverture des catalogues promotionnels des supermarchés. La vie est pleine de douceurs, ou plutôt paraît pleine de douceurs. Les rictus faux et niais se multiplient et les douleurs à la mâchoire aussi. Car, en réalité, leur existence ne rime qu’avec solitude, ennui et platitude.

La vie de Margot, la mère de famille, oscille entre l’inquiétude de voir les visiteurs de son blog diminuer et l’art de contrefaire une existence idéale sans embûches ni tracas. Michel est également captif de cette prison aux barreaux invisibles qu’est le net. Idem pour Nat qui passe son temps à s’enfermer dans sa chambre où triomphe un air de renfermé et de moisi. L’adolescente grandit au rythme des connexions sur les sites de jeux vidéo en ligne et des dialogues avec des personnes déviantes.

L’idée de base de ce premier long métrage est sans conteste très intéressante. Dans un monde où l’on aime regarder et être regardé, et où les logiciels de retouche de photographies sont devenus des dieux. Mais la forme présente un certain nombre de failles. Delphine Kreuter insère dans son long métrage des ingrédients qui s’avèrent vains (le club de transsexuels, par exemple).

La caricature servant à dénoncer les travers de la société devient assommante. Le film s’éparpille dans la relation que nouent Nat et Adrien, relation qui somme toute ne présente que très peu d’intérêts, les deux adolescents étant enlisés dans de lourds stéréotypes, en particulier Nat qui baigne dans l’oisiveté avec cette éternelle allure nonchalante.

La réalisatrice s’en tient à un regard finalement peu profond sur les liens qu’entretiennent ses personnages avec la toile. Le portrait de cette famille faussement éclatant ne craquelle que légèrement là où l’on aurait souhaité qu’il volât en éclats. 57 000 km entre nous manque cruellement de complexité.

Bien que les fondations soient solides, l’édifice apparaît bien argileux. Les attentes soulevées par le thème actuel abordé par le film –le rapport à internet- demeure au final lettre morte.

Titre original : 57000 km entre nous

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Durée : 82 mn


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