De cette réussite, il reste des traces dans le second long métrage de la cinéaste franco-israélienne. Imaginant trois personnages principaux étendards de trois stéréotypes de la féminité – la mère, la working-girl, la pin-up – en situation de rupture avec le collectif, et donc en passe de livrer combat, le film fabrique ses moments foutraques et explosifs comme on en voit peu dans le cinéma français.
L’interprétation, à la limite du cabotinage, de Marina Foïs et de Laura Smet, et celle, lymphatique, de Lvovsky, confirme que leurs personnages sont bien des furies – ou des Érinyes – selon la mythologie privilégiée, loin de tout réalisme psychologique, chargées de rendre justice, tout en représentant les offensées, ici la caste féminine. Un tel schéma scénaristique est à la fois difficile à mener dans la justesse de bout en bout, mais aussi salutairement ambitieux. Alors que l’Hexagone est encore et toujours secoué par les pseudos débats sur l’enseignement des gender studies à l’école, Tiens-toi droite fonce tête baissée dans un florilège d’empêchements, de conditionnements féminins, de gestes manqués et de paroles disparues – que la cinéaste parvient encore une fois à inventer dans des scènes collectives percutantes. Les échanges verbaux nerveux entre la working-girl et son amant, entre désir et insubordination, sont filmés comme une parade amoureuse épuisante. Quant au groupe remuant de petites filles rondouillardes, en pleine construction et recherche de modèle identitaires, il faut les voir jouer au flirt agressif avec un garçon sans défense, en pleine projection d’hormones en ébullitions.
Rarement morose, hormis les douces échappées hébétées de Noémie Lvovsky, le film est même constamment relancé par une vague d’énergie souterraine, lors de séquences pulsionnelles presque cathartiques (crêpage de chignon, scène finale du basket) où les femmes, enfin maitresses de leur propre terrain de jeu (l’espace de cinéma, puisque les personnages masculins ont progressivement disparu du film) s’abandonnent au défoulement joyeux plutôt qu’à la posture.
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