À la base, une uvre musicale de Richard OBrien – qui joue Riff Raff dans le film -; sen suit alors une adaptation cinématographique par Jim Sharman, qui réunit un casting inconnu à lépoque et devenu aujourd’hui des stars : Susan Sarandon – quon ne présente plus – et Barry Botswick – le maire déjanté de Spin City (Gary David Goldberg et Bill Lawrence, 1996-2002), Tim Curry – éternel second rôle des Trois mousquetaires (Stephen Herek, 1993) où il incarne le Cardinal Richelieu ou de À la poursuite dOctobre rouge (John McTiernan, 1990) en passant par le rôle du clown dans Ça (Tommy Lee Wallace, 1990) – et Meat Loaf – rocker devenu acteur, notamment dans Fight Club (David Fincher, 1999). Pour le reste du casting, cest surtout au théâtre quils se sont illustrés.
Malgré son titre, le film nest pas un film dhorreur ; cest un hommage, hommage justement à danciens vieux films de série Z censés être horrifiques ou de science-fiction. On passe donc par une multitude de références, de la plus connue à la plus oubliée : dans les grandes lignes, on fait des clins dil à La Nuit du chasseur (Charles Laughton, 1955), King Kong (Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack, 1933) ou encore Frankenstein (James Whale, 1931), le personnage de ce dernier étant le fondement même du film. En effet, lhistoire est celle du docteur Frank-N-Furter, travesti perverti et à tendance nymphomane, qui montrera au jeune couple que forme Brad et Janet ce quest la vie, le sexe.
Ce qui est impossible à cacher, cest quil sagit dune comédie musicale : environ 80% du film est chanté. Mais cest tant mieux, les musiques étant entraînantes et les paroles pleines de sens et dintelligence. Dans leurs rôles, les acteurs sont fabuleux : de Susan Sarandon en petite bourge coincée à Barry Botswick en fiancé un peu couard en passant par les frères et surs Riff Raff et Magenta alias Richard OBrien et Patricia Quinn Chacun se libère, sextériorise pleinement, surjoue encore et encore, ce qui rend le film totalement délirant car bien sûr, il ne faut pas le prendre au sérieux de prime abord. Mais celui qui éclipse tout le monde est, et reste, trente ans plus tard, Tim Curry, docteur travello et mégalo cherchant continuellement lorgasme et nhésitant pas à se prendre pour Dieu en créant pour cela lhomme parfait Excessif, extravagant, choquant pour les puritains, il trouve pourtant là le rôle de sa carrière, celui qui aurait dû le propulser dans la légende.
Pourtant, si le film se veut à première vue immoral, parlant ouvertement de sexe et nayant pas peur de mélanger hétérosexualité et homosexualité, le constat final et subtil s’avère bien plus intéressant : en effet, la véritable morale du film, s’il y en avait une, serait de vanter les mérites dune certaine forme dépicurisme, voire dhédonisme, et d’une libération sexuelle mais surtout des murs quant à la vie nocturne que peuvent (doivent ?) mener les jeunes.
Soutenu par un kitsch absolu et exacerbé, aspect déco non négligeable qui lui permis de rester unique et jamais copié par la suite, The Rocky Horror Picture Show représente tout à la fois un des sommets de la comédie musicale, une expérience cinématographique inédite ainsi qu’une véritable bombe contre le puritanisme exacerbé. On comprend mieux pourquoi il est devenu une référence incontournable aux États-Unis.