2h25. Les retrouvailles (ne) dureront (que ou tout) ce temps, selon les goûts. Mini-saison ou maxi épisode, Sex and the city, le film, divise. Les fans se retrouvent certes en territoire familier (New-York et ses héroïnes), mais le contenu, lui, s’avère fortement allégé en « matières grasses » ou crues. Le passage du livre à la série avait déjà éliminé la drogue du paysage, l’adaptation cinématographique, elle, édulcore le sexe. A l’origine, l’un des principaux protagonistes, le sexe donc, ainsi que ses diverses déclinaisons, s’annonçaient à chaque séquence. Aujourd’hui, les amies ont entre quarante et cinquante ans et discutent mariage, enfants et déco. Un syndrome « housewives»?
Moins qu’un prolongement de la série télévisée, Sex and the city, le film en est une suite. L’évolution des personnages ou tout du moins l’exposition de leur personnalité, domine le scénario. Charlotte, la jadis romantique mais débridée, sonne désormais ultra conservatrice. Entre sentiment maternel décuplé et vision "disneyïsante" de la vie, il flotte comme un parfum de caricature sur Manhattan. Le cynisme de Miranda s’est mué en faiblesse, le sex appeal de Samantha en fidélité et les réflexions aigues de Bradshaw en romantisme… So what happenned ?
Les filles ont vieilli, certes. Elles ont mûri, pourquoi pas. Elles se sont casées, et alors ? Les incontournables rendez-vous à déjeuner existent toujours… mais avec des enfants à table. Désormais on ne « fuck » plus, on « colorie », des gags scatologiques ont remplacé les situations inopportunes et cocasses, et surtout, on ne discute plus aventures mais vie commune. Attention, les new-yorkaises n’ont rien de grands-mères épuisées pour autant. Le glamour est plus que jamais l’ingrédient-clé. Entre défilés, penderies et maillots de bain, les fashion addicts ou simples amateurs de mode seront comblés. Et en sauveur féministe, le personnage de Samantha réveille de temps à autres l’âme originelle de la série (les notes familières du génériques s’immiscent dans son esprit), celui de Carrie ayant quelque peu perdu sa verve.
Entre plaisir (celui de retrouver le quatuor électrique) et déception (où est passé le ton acide de la série ?), nostalgie et évolution, Sex and the city s’apprécie simplement. Produire et réaliser pour le cinéma s’appréhende différemment que pour une chaîne cryptée. Telle est la leçon. Finalement, passer de la série au cinéma, c’est un peu comme passer du célibat au mariage… avec quelques concessions et un peu moins de liberté, il faut pouvoir contenter tout le monde!