Petite amie

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Premier chagrin d´amour mis en scène, le film de la prometteuse Michal Vinik est aussi une peinture de la société israélienne.

Hommage à La vie d’Adèle

Michal Vinik nous propose ici son premier long métrage, après deux courts très remarqués : Bait à Sundance et Srak à Locarno. Petite amie, présenté dans une vingtaine de festivals, surtout des festivals gays et lesbiens, a obtenu le Grand prix du Jury au LGBT Film Festival de Milan, et Meilleure actrice et Meilleur acteur au Haïfa International Fim Festival. Michal Vinik en effet est un talent qui naît dans un pays où le cinéma ne cesse d’innover et de provoquer, contrairement au cinéma « à la papa » français. Après une enfance consacrée à l’art, au dessin et à la musique, il semblait tout naturel à Michal Vinik de se consacrer au cinéma et d’entrer à l’université de Tel Aviv. Son film est très fort, sorte d’hommage involontaire à La Vie d’Adèle d’Abdellatif Kechiche, mais en plus resserré, en plus frappant encore. Film provocant et tendre, Petite amie ne choque pas seulement parce qu’il parle d’homosexualité entre adolescentes, mais surtout parce qu’en filigrane il dresse un portrait, presque un réquisitoire, sur la vie en Israël où, si on l’en croit, la décadence est entrée dans les mœurs, presque pire qu’en France : drogues en tout genre, sexe, rock and roll, alcool, éclatement des familles, abandon de l’école, etc. tout part en vrille. Sauf l’amour, ou du moins le fantasme de l’amour comme on en rêve à 17 ans, cet âge où l’on n’est pas sérieux, si l’on en croit à juste titre Arthur Rimbaud.

 

Entre Larry Clark et Kechiche

Petite amie raconte en fait la désillusion lorsqu’on s’aperçoit que la personne qu’on aime plus que tout au monde ne vous aime pas. On appelle ça vulgairement un chagrin d’amour, quoi de plus banal direz-vous ? Sauf que Michal Vinik le transforme en œuvre d’art car son film fait plus que fonctionner, il séduit à la fois par sa forme et par son interprétation d’un naturel saisissant. À se demander même si son maître ne serait pas Larry Clark plutôt que Kechiche ! « J’avais trois idées directrices pour ce film, déclare-t-elle dans le dossier de presse. D’abord, je voyais de très bons films sur l’adolescence dans le cinéma israélien mais aucun d’eux ne mettait en scène des personnages qui ressemblaient à des filles ou des femmes comme moi ou mes amies. Les filles sont toujours gentilles, bien élevées, et la partie fun arrivent toujours aux garçons. Alors j’ai eu envie de faire un film à propos de nous, les femmes telles que je les connais : fortes, vivantes, audacieuses. » Petite amie montre les affres des amours de jeunesse, qu’ils soient hétérosexuels ou homosexuels, à l’âge où l’on se cherche et où l’on ne comprend pas très bien sa sexualité.

 

Vivre vite et en excès

Où les excès ne font pas peur et où l’on vit à 100 à l’heure. On le faisait remarquer précédemment, mais le film de Michal Vinik est aussi un portrait d’Israël comme elle le confie elle-même dans l’entretien du dossier de presse : « J’ai essayé de montrer tout ce que je sais du fait d’être une fille en Israël. Je ne suis pas tombée amoureuse d’une fille au lycée (mais c’est arrivé plus tard dans ma vie), et ma sœur ne s’est pas enfuie avec un garçon arabe, mais je pense que Petite Amie est le film le plus autobiographique que je ferai jamais. Mon adolescence est très proche de celle des filles du film. Je n’ai pas eu besoin de faire des recherches. » Voici en tout cas une belle sincérité qui rend le film attachant, et particulièrement sensible dans la peinture qu’il propose d’une famille israélienne avec ses peurs, ses doutes et ses points de repères.

Titre original : Barash

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Durée : 82 mn


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