Histoire d’un détournement
Dans ce contexte, le détournement du vol AF 139 Tel-Aviv Paris le 27 juin 1976 par un commando formé par Wilfried Böse et Brigitte Kuhlmann, membres de la RAF, et deux Palestiniens, membres du FPLP (Front Populaire de Libération de la Palestine), apparaît avec un peu de recul comme une sorte de point d’orgue étant donné le retentissement qu’il a eu dans le monde entier, son dénouement extraordinaire, et par les nombreuses parties prenantes à la crise dont la principale fût Israël. Le cinéma s’est d’emblée emparé du sujet avec Victoire sur Entebbe (1976) avec Burt Lancaster et Elisabeth Taylor, ainsi que la télévision avec le téléfilm Raid sur Entebbe d’Irvin Kershner, toujours la même année, avec Charles Bronson en tête d’affiche. Le réalisateur brésilien José Padilha a donc choisi à son tour de raconter l’histoire de ce détournement qui, dans les faits, a duré une semaine. Toute la question est de savoir, étant donné la nombreuse littérature qui a déjà été publiée sur le sujet et les films qui l’ont traité, si Otages à Entebbe apporte des nouveautés sur ce que nous savons déjà et si la mise en scène de Padilha arrive à retranscrire la tension extrême qu’ont du vivre aussi bien les otages que les preneurs d’otages, mais aussi les responsables israéliens – la paire Shimon Peres et Yitzhak Rabin, déjà à l’époque – qui prirent la décision dangereuse de l’opération commando ?
Une mise en scène superficielle
Pour ce qui concerne le film en lui-même, sa mise en scène, il nous apparaît – n’était le sujet d’importance dans l’histoire de la lutte armée palestinienne et du même coup dans celle de Tsahal –, comme un film d’action relativement médiocre qui semble être passé à côté de la plaque de l’émotion et de la terreur qu’ont pu ressentir les acteurs du drame ainsi que des individus du public, simples spectateurs de l’événement. Sur le fond, les producteurs et le scénariste affirment avoir voulu s’intéresser aux différentes parties en présence. Par exemple, explorer la psychologie des preneurs d’otages, notamment des deux allemands. La tentative est louable mais il n’en ressort pas grand-chose si ce n’est que le doute semble s’être insinué chez Böse et Kuhlmann. Mais l’étude reste superficielle. Idi Amin Dada, personnage central de l’affaire, et « hôte », dans un aérogare désaffecté de l’aéroport d’Entebbe, situé à une trentaine de km de Kampala (Ouganda), des otages et des ravisseurs, est mal interprété. En tout cas, il n’inspire pas toute la crainte que pouvait susciter sa folie, ses changements d’humeur et son excentricité dans la réalité.