Nouveau départ

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Un « feel good movie » qui remplit son contrat, mais qui s´enlise dans un épilogue trop plein de bons sentiments.

Cameron Crowe est amateur de drame humain. On lui doit notamment le culte Presque Célèbre et l’agréable comédie romantique Rencontre à Elizabethtown. Aujourd’hui, il revient avec un film familial, Nouveau départ, où il raconte l’histoire d’un père, veuf, qui tente de pallier le manque d’affection de ses enfants en prenant un « nouveau départ ». Un feel good movie taillé par et pour le public américain et qui en a tous les vices, sans être au fond vraiment mauvais.

Il est difficile de critiquer un film comme Nouveau Départ : agréable à regarder, Cameron Crowe sait raconter des histoires de façon fluide et sans vraiment de temps mort. On a donc, a priori, rien à redire sur ce film qui remplit son contrat à la perfection : scénario équilibré entre les moments d’émotions et scènes dramatiques, jeux de lumière parfaitement orchestrés, violons pour la BO, acteurs bankable (Matt Damon et Scarlett Johansson)… Alors, sans être un mauvais film, Nouveau départ nous donne simplement l’impression de connaître la partition sur le bout des doigts : on voit arriver les situations et les scènes de très loin, on pourrait même faire les dialogues entre les acteurs avant même qu’ils n’aient ouvert la bouche. Certes, Nouveau départ en ravira plus d’un, surtout parmi les enfants. Le réalisateur, dans une mise en scène honnête, montre une ribambelle d’animaux : serpents, ours, tigres, zèbres, singes… et passe en revue la palette des sentiments humains. Il maîtrise parfaitement son art et sait sur quel bouton il faut appuyer pour faire rire ou pleurer. Mais, une pointe d’inattendu et de folie aurait peut-être permis de servir le film et d’étonner le spectateur…

Reste l’atout charme de ce film, celle qui nous fait même oublier Scarlett Johansson, haute comme trois pommes, Maggie Elizabeth Jones, l’interprète de Rosie, la petite fille. Sa bouille craquante, ses cheveux blonds et ses répliques (notamment le « Yeah ! We bought a zooooo ! ») feraient fondre n’importe qui ! Elle donne la réplique à un Matt Damon et à une Scarlett Johansson peu habitués du genre, mais qui s’en sortent pas mal. Enfin, Thomas Haden Church joue la carte humour et c’est de lui dont les meilleures situations comiques découlent.

Malheureusement, Crowe ne sait pas conclure son film et prolonge une éternité l’épilogue de son histoire jusqu’à se perdre dans des affres sirupeuses et gnangnan à grand renfort de rayons de soleil et de musique grandiloquente. C’est dommage, car on aurait pu rester sur une bonne note et sortir de la salle avec le sentiment d’avoir vu un feel good movie agréable, au lieu d’être atterré par ce déballage de bons sentiments.

 

Titre original : We Bought A Zoo

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Durée : 123 mn


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