Nous Trois

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Histoire d’un adultère vu par les yeux d’un gamin. Film banal, prévisible et sans émotion.

Années 70, une déco fleurie, des pantalons pattes d’éph et des juxtapositions de couleurs flashy. Au milieu se tient un enfant de six ans, Sébastien, qui voit sa mère délaissée par son père. Ce dernier passe son temps à s’enfermer dans son atelier où il se concentre sur des inventions farfelues. Puis, un jour, un couple arrive dans le voisinage : Michèle et Philippe. Evidemment, ce dernier ne laissera pas indifférente Marie, la maman du petit garçon.

Un petit dans la cour des grands

Renaud Bertrand choisit de filmer son histoire à partir du point de vue d’un gamin. L’on pourrait s’attendre à trouver des échos des romans d’Henry James (comme Ce que savait Maisie) où l’enfant observe, avec ses yeux remplis de candeur, les adultes, leur sournoiserie, leur bassesse. Môme encombrant, capable de jeter la vérité aux uns et aux autres, de façon tout à fait innocente et provoquer un énorme coup de tonnerre. Dans Nous Trois, le propos est différent. Sébastien découvre la complexité des relations entre adultes cependant, le réalisateur s’oriente vers une voie beaucoup moins tumutleuse avec, en tête, une invitation à l’imaginaire et à la poésie, à travers les yeux du gamin.

Mais, à l’écran le résultat est rachitique. Certes, il y a ces intermèdes filmés en Super 8, où l’enfant se bricole un monde : sa mère n’est rien moins que la Reine d’Angleterre, saluant les foules du haut de son balcon, à Buckingham Palace. Etrange, c’est certain. Toutefois, la fantaisie est servie en portion congrue tandis que le regard du garçon, sur les événements, manque cruellement de chaleur et de sensibilité. La bouille et la voix attachantes de l’acteur en culotte courte ne suffisent pas à camoufler un vide émotionnel.

Un triangle amoureux au goût de déjà-vu

Et du côté des plus grands ? Emmanuelle Béart est dans la peau d’une mère et d’une maîtresse, dans les deux sens du terme, complètement transparente bien que son jeu soit sobre. Ses agissements sont écrits à l’avance. Même chose pour Philippe, son amant (Stefano Accorsi). Quant à Jacques Gamblin, il interprète le rôle d’un personnage (le père) qui n’existe vraiment dans le film que dans le dernier quart d’heure. Peut-être le seul et unique moment où apparaît enfin la poésie…

Ailleurs, pas grand-chose si ce n’est une histoire d’adultère… juste banale. Alors, oui, certains éléments attirent notre attention comme le prénom de Marie (la mère de Sébastien), anagramme du verbe aimer, le clin d’oeil à La Piscine de Jacques Deray, puis l’allusion à Proust (un peu paresseuse tout de même). Côté musique, le groupe Aphrodite’s Child nous ramène à l’aube des années 70 avec It’s five o’clock. Mais l’attirail est vain. L’histoire ne comporte aucune surprise. Tout y est prévisible. Le film peine à cacher de grosses ficelles. Ah, la météo est pluvieuse ! Forcément, un désastre arrive à l’horizon, avec des sabots patauds, si bien que lorsque vient l’heure du point culminant, l’émotion n’est guère au rendez-vous.

Nous Trois est donc ce drame bâti sur du déjà-vu, observé par le prisme d’un enfant, avare de rêverie et de folie. Et c’est bien là tout le problème. Ne resteront que des miettes très vite balayées.

Titre original : Nous trois

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Durée : 90 mn


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