Molière

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Paris, 1643. Molière inaugure son << Illustre Théâtre >>, avec la troupe des Béjart. Un an après, le théâtre fait faillite. Molière, alors âgé de 22 ans, est criblé de dettes, qu´il ne peut honorer. Jeté en prison par les huissiers, il doit trouver une fourberie, digne de ses comédies, pour en sortir. Sans laisser la moindre trace, il disparaît mystérieusement lors de sa libération, avant de ne réapparaître soudainement. Sur les planches de son théâtre ambulant, il sillonne l´Hexagone, lors d´une tournée en province de treize ans, annonçant son retour triomphal à Paris. Mais que s´est-il passé dans la vie de Molière pendant ces quelques mois de silence et d´absence ?

Contrairement au Molière autobiographique d´Ariane Mnouchkine de 1978, film-fleuve de référence, interprété par Philippe Caubère, le Molière de Laurent Tirard est une biographie fictive (et là n´est pas le moindre des paradoxes de ce long-métrage romancé). Ce film d´époque saute sur le prétexte d´un hiatus historiographique dans la vie de Jean-Baptiste Poquelin pour inventer les mésaventures de Molière.

Ce serait donc à l´âge de 22 ans, pendant ces quelques mois d´évasion, que Molière, aurait fait la rencontre de tous les protagonistes de ses pièces. De Monsieur Jourdain à Elmire en passant par Célimène, tous les personnages de Molière sont évoqués. Tel est d´ailleurs l´écueil de cette tragi-comédie chimérique, qui ne fait que tourner autour des personnages sans jamais les pénétrer. Composite de tous les anti-héros, ils ne sont à l´hauteur d´aucun. Là n´est pas tant la faute des acteurs, qui au reste << jouent >> leur partition à la lettre, que celle du réalisateur.

Car Fabrice Luchini en amoureux de la langue ne la trahit point. Dans la peau de l´inculte bourgeois Monsieur Jourdain, l´acteur tourne en dérision le pathétique en comique. Entre benêt et bien-pensant, il est parfait. Inspirant tant le ridicule que la pitié, il joue avec une grande aisance sur la corde des sentiments. Laura Morante, alias Elmire, la femme cocue de Monsieur Jourdain revêt le rôle de la maîtresse de Molière, comme un gant. Entre passion et raison, son âge mûr la rappelle à la contrainte de la réalité et nous avec. On est écoeuré par cette amourette à l´eau de rose qui tire sur la corde moralisante.

Ludivine Sagnier incarne un subtil mélange de la Célimène du Misanthrope et de la Philaminte des Femmes Savantes. En veuve éplorée, entourée des Précieuses Ridicules, elle se complet dans les regards vides et niais de tous ses prétendants, dont Dorante (Edouard Baer), son concupiscant le plus mièvre est touchant de sournoiseries.

Seul Romain Duris, qui campe le rôle de l´illustre Molière est â côté de son rôle. Entre emphase et retenue, il ne trouve jamais la justesse de sa réplique. Ses parodies sont aussi grotesques que ses apitoiements tragiques. A l´inverse de Molière, lui même acteur à ses heures, Romain Duris se révèle être plus mauvais pour les comédies que pour les tragédies.

Film d´époque aux couleurs léchées et aux costumes caricaturés, les décors sont convenus. Piégé dans ce huis clos, en écho à une pièce de boulevard, on reste prostré devant cette tragi-comédie, pétrie dans ses clichés. Le rythme est lui aussi théâtral, fait de bides et de rebondissements, tous aussi attendus les uns que les autres.

Après son premier long-métrage, Mensonges et trahisons et plus si affinités…, Laurent Tirard livre un deuxième opus d´un tout autre genre. Certes, mais la biographie romancée est anachronique. Signant à quatre mains un Molière imaginaire, le cinéaste et son scénariste, Grégoire Vigneron, suivent à la lettre la biographie romancée de Jean-Baptiste Poquelin, rédigée par Mikhaïl Boulgakov, qui fait grincer des dents plus d´un historien, et nous avec.

Titre original : Molière

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Durée : 120 mn


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