Suite à une mission spatiale, des astronautes ramènent sur terre les cadavres de deux hommes et une femme. Très rapidement ces corps reprennent vie en puisant leur énergie dans tous ceux qui croisent leur chemin. Dans le livre qu’il a consacré à Massacre à la tronçonneuse, Jean-Baptiste Thoret enterre un peu trop brutalement les œuvres qui ont suivi ce coup d’essai et de maître. Certes, les attentes des vénérateurs de Leatherface ne peuvent être que déçus par la « relative sagesse » dans laquelle Tobe Hooper s’est drapé suite à son cultissime et indécent slasher. D’autres cinéphiles, comme nous, se détacheront volontiers de toute comparaison avec cette référence pour profiter du plaisir de redécouvrir des opus moins prestigieux.
Ainsi, il n’est ni usurpé ni désobligeant de considérer Lifeforce comme une œuvre hybride – science-fiction, épouvante, action – d’excellente facture. Sur un scénario de Dan O’Bannon (Alien, Ridley Scott, 1979) – auquel d’autres mains se sont ajoutées par la suite- le film débute dans le cadre classique des space-opéras des années soixante-dix et quatre-vingt; un vaisseau spatial dernier cri dont les membres de l’équipage – brillants scientifiques – ne sont plus les maîtres à bord. De par sa dimension spectaculaire, la science-fiction spatiale tend à prouver que les deux cousins Menahen Golan et Yoram Globus ont, avec leur société nouvellement crée, Cannon Group, les moyens de rivaliser avec les grands studios. Vingt-cinq millions de budget pour ce beau projet. Avec le temps, l’intérieur du vaisseau et certains extérieurs datent réelement. Un côté kitsch qui séduira les nombreux et irréductibles fans de S.F. Par ailleurs, même aujourd’hui, de magnifiques tableaux colorés – comme peint à la main – ne manqueront pas de nous éblouir – d’autant plus avec la 4 K UHD du combo.
Le titre de Space Vampires fût envisagé un moment avant d’être définitivement écarté : trop typé série B, surtout pour une grosse production. Pourtant, c’est dans le registre horrifique reposant sur l’ingéniosité de la mise en scène, bien plus que sur le budget FX, que l’épouvante fonctionne le mieux. Peu de jump scares également. Pour laisser la place à une ambiance dans la lignée des productions Hammer. Point d’orgue de cette atmosphère, la scène où le corps étranger est démasqué dans un manoir anglais. Distorsions des volumes de la pièce pour rendre imposant certains personnages, angles de vue pour évoquer la paranoïa, Hooper joue allègrement sa partition de bon bricoleur. L’esprit subversif de la Hammer – même si dans les années quatre-vingt, les spectateurs en ont vu d’autres – dans la nudité quasi permanente de la vampire , à laquelle Mathilda prête élégamment ses formes. Danseuse de formation, elle ne se déparait jamais d’une grâce aussi envoutante que ses atouts. Avare en parole durant sa recherche de sang neuf, elle déclare sans ambages dans ses premiers mots : » Profitez de mon corps ». Un infirmier au physique d’assistant de Frankenstein, un expert médical aux allures de Vincent Price, les personnages secondaires sont bien plus intéressants que les deux héros dont la mission est de tout simplement sauver le monde. Pourtant, très investis dans leur rôle, trop ressemblant physiquement et manquant de charisme, Peter Firth et Frank Finlay ont du mal à nous faire adhérer à leur cause. Peu importe, car la vérité est ailleurs, et le plaisir aussi. La partie Guerre des mondes dans un Londres sens dessus dessous est également très réussie. Musclée et angoissante comme le sera plus tard les Terminator de James Cameron. Que Lifeforce soit avec vous.
Lifeforce est présentée dans une très belle édition collector- Digibook4K + Blu-Ray + Livret – chez Sidonis Calysta.