L’Homme de sa vie

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RêVe, RaVissant, tRiVial, RéVolte, auReVoir… L´ombre du R et du V forme successivement ces mots qui courent sur les murs de la maison d´Hugo, comme ils traversent le film et le coeur des personnages. Chaque été, Frédéric, sa femme Frédérique (une Léa Drucker fraîche et admirable) et leur fils Arthur se retrouvent dans leur grande […]

RêVe, RaVissant, tRiVial, RéVolte, auReVoir… L´ombre du R et du V forme successivement ces mots qui courent sur les murs de la maison d´Hugo, comme ils traversent le film et le coeur des personnages.

Chaque été, Frédéric, sa femme Frédérique (une Léa Drucker fraîche et admirable) et leur fils Arthur se retrouvent dans leur grande maison perdue au milieu de la Drôme pour passer les vacances. La tribu s´agrandit lorsque famille et amis les y retrouvent. Tout ce petit monde mène la belle vie aux couleurs vives de l´été. Les gamins courent, les adultes semblent s´amuser, rire. Mais…

…Mais un étrange courant d´air qui traverse la vieille maison en pierre et fait voleter le rideau bleu annonce déjà un changement. Ce bouleversement s´incarne en la personne d´Hugo, leur nouveau voisin qu´ils invitent un soir à dîner. Au cours du repas, Hugo annonce avec beaucoup d´amusement et de manière spontanée son homosexualité. Après tout c´est vrai, pourquoi devrait-il s´en cacher ? Pourquoi devrait-il y avoir un malaise lors de cette déclaration ? Pour rien. Si ce n´est le trouble que cela fait naître dans l´esprit de Frédéric.

Un lien se crée alors entre les deux hommes. Hugo intrigue et charme Frédéric par son intelligence, son esprit, son aisance avec les mots. Ils discutent tous les deux jusqu´au petit matin. La conversation ne porte pas tant sur l´homosexualité d´Hugo (comme on aurait pu le croire) que sur l´amour en général. Sur l´amour entre deux êtres, sur la notion de plaisir, de couple, de famille. Sur l´amour que Frédéric trouve parfait, alors qu´Hugo parle de la perfection de la mort et de l´imperfection de l´amour. Ce film parle d´amour et le fait bien. La réalisatrice nous livre une réflexion belle et tendre, où les sentiments n´en font ni trop ni pas assez. Comme à son habitude, Zabou Breitman regarde, observe et traduit les émotions humaines avec beaucoup de justesse.

Petit à petit, le spectateur va découvrir que cette discussion nocturne entre les deux hommes est le fil conducteur du film. La mise en scène joue sur les flash-back de ce moment ; ces retours en arrière ponctuent et donnent le rythme du récit. Ils procurent aussi au spectateur une sensation étrange, car il ne sait plus si il est alors dans la réalité ou bien plongé dans les rêves des personnages. Mais cette impression, qui fait que le spectateur a parfois le sentiment de se perdre, fait naître de nouvelles réflexions au fur et à mesure que l´histoire avance. La mise en scène, jouant sur ces chassés-croisés, est remarquable et surprenante ; même si elle donne parfois lieu à quelques longueurs, sa beauté est telle que ces longueurs en sont vite oubliées.

Le refrain d´une chanson du film en résume l´esprit, << J´ai perdu de vue mon univers, je vois du dessus ma vie à l´envers >>. On assiste en effet à des remises en questions, des chamboulements dans les esprits ; certains personnages se sentent perdus, d´autres délaissés ou en danger. Ayant perdu leurs repères, ne sachant plus où ils en sont, ils se retrouvent dans l´obscurité… << Il est grand temps de rallumer les étoiles >>.

Titre original : L'Homme de sa vie

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Durée : 114 mn


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