Le bal des actrices

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Avant que « le Laboratoire » ne s’attarde dans quelques semaines sur les comédies à la française, jetez un coup d’oeil au « Bal des actrices »! Frais et distrayant, le deuxième film de Maïwenn, réalisatrice prometteuse, est certainement un bel exemple du genre .

Il y a de la couleur dans Le bal des actrices ! Des airs musicaux qui demeurent des heures en tête, des chorégraphies drôles et enchanteresses… Il y a ce petit quelque chose de magique et d’immortel qui donne le sourire en toutes circonstances. Une comédie, donc. Musicale, qui plus est. Mais il ne s’agit pas d’une véritable comédie musicale. Plutôt d’une mise à nu des actrices (en témoigne la sublime affiche), émouvante et drôle, touchante et ambiguë. Car ce qui perturbe le plus dans ce documentaire qui n’en est pas un, c’est justement le statut faussement documentaire ! Chaque actrice (et acteur, car il y en a quelques uns) joue en utilisant son propre nom.

Quelques exemples en vrac : l’audace et le culot de Romane Bohringer, qui arrivent en tête de ce riche casting. Actrice à la dérive, elle crée des évènements publicitaires pour une grande marque de téléphone portable, payés en liquide et en vêtements prêtés. Troublante et troublée, elle incarne une forme de descente aux enfers, non pas une angoisse de la page blanche, mais plutôt la panique journalière qui naît quand les propositions ne viennent plus.

Estelle Lefebure incarne de son côté une forme de caricature. Actrice, elle doit vivre avec cette réputation qui lui colle à la peau : être plus connue pour ses mariages que pour ses rôles ! Même sorte de combat pour le personnage interprété par Marina Foïs. Son ascension est le fruit de ses interprétations comiques. Pourquoi s’essayerait-elle à autres choses? Les préjugés ont la vie dure… les actrices aussi.

  

Cynisme et auto-dérision pour Karine Viard, dans un registre décalé et ironique à souhait. Une comédienne que la France ne peut plus contenir, qui rêve d’Amérique, mais que quelques mots d’anglais rendent fébrile. Devant un américain venu pour l’auditionner, elle perd tous ses moyens… et son anglais.
Maïwenn, quant à elle, s’est choisi un compagnon d’écran parfait. Joey Starr, impeccable dans un rôle de papa poule décalé et presque avant-gardiste, brosse à la perfection le portrait de cet homme dépassé par l’envie filmique de sa compagne. Un couple d’artistes qui parfois peine à se comprendre…

  

La bal des actrices constitue ainsi une série de portraits au vitriol : ceux des actrices, complexes, fragiles, troublantes. Il y a toujours ce rôle parfait qui vous échappe, ou ces petites maladresses qui vous font sentir stupides aux yeux des autres. Audacieux et dynamique, le deuxième film réalisé par Maïwenn est une très bonne surprise.

 

Titre original : Le bal des actrices

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Durée : 105 mn


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