New-York plongée dans la terreur. Un monstre ailé déchiquette ses proies, par ailleurs, une série de crimes-dépeçages prend forme. Créateur de la série télé Les envahisseurs, Larry Cohen a ensuite emprunté une voie plus violente et horrifique sur grand écran avec Le monstre est vivant (1974) et ses suites. « L’Empire State Building a eu son King-Kong , le Chrysler Building mérite lui aussi sa créature » : c’est en partant de cette idée que Cohen s’est lancé dans l’écriture d’ Épouvante sur New-York, avec le désir de redonner vie au type d’effets spéciaux qui ont fait florès dans les épouvantes à petit budget des années quarante et cinquante. Dans le bonus du Blu-Ray, Jean-Manuel Costa, créateur d’effets spéciaux et spécialiste de la stop-motion, revient en profondeur sur les inspirations de Cohen –The Giant Claw, King-Kong… – et sur le processus créatif mis en place sur le tournage de son métrage.
Si vous n’êtes ni sensible au charme désuet du monstre ni à aux trésors d’imagination déployés par l’équipe du film, rassurez-vous, les apparitions du monstre-maquetté sont suffisamment rares et brèves pour ne pas gâcher les autres effets horrifiques. À commencer par une décapitation bien sentie, et également les effets sanguinolents qui accompagnent les repas de l’oiseau géant. Encore plus répugnants, les corps dépecés et/ou carbonisés. Vision très intéressante, New-York affiche un visage peu reluisant : les buildings grisâtres, les vues aériennes témoignent des immeubles en déliquescence, le bazar et le bruit polluent les avenues. Le fait que certaines scènes soient visiblement tournées sans autorisation ajoutent une dimension naturaliste à l’atmosphère. Au passage, le survol des buildings qui précède l’action permet quelques écarts voyeuristes, que le genre horrifique permet par nature, avant de charcuter ses belles victimes. Côté mauvais esprit, Cohen n’est pas en reste, y compris dans les dialogues.
Ce New-York poisseux et crasseux fertilise la criminalité de bas-étage. Jimmy Quinn, en quête d’un joli magot, piètre pianiste et pleutre délinquant, va accepter de prendre part à « un coup sur », qui va bien entendu mal tourner. Ce fiasco débouche sur la découverte du lieu où loge la créature. Opportunité encore plus excitante de satisfaire sa cupidité : négocier cette information avec la police. Aussi malicieux que naïf, violent et suintant la peur, Michael Moriarty – tout bonnement excellent – réussit à rendre attachant et bigrement intéressant le parcours ce cet éternel loser de Quinn. Ce récit dans l’histoire qui relègue l’enquête au second plan s’inscrit dans une structure scénaristique propre aux séries policières des années soixante-dix, qui, dans certains épisodes faisaient la part belle aux destins anti-héros pourchassés par les « bons flics » : Les rues de San Francisco, Starsky et Hutch… Autre référence de la petite lucarne, David Caradine, acteur glorifié par la série Kung Fu. Dans son rôle du flic à qui on ne la fait pas, mais d’une coolitude à toute épreuve, il apporte un second degré pétillant.
Épouvante sur New York. Sortie Blu-Ray chez Rimini Éditions.