Une tragédie, une comédie et un drame. Cocktail savoureux. Avec Électre, Giraudoux insuffle son humour noir au mythe antique et réécrit à sa sauce la légende des Atrides. Marivaux reste fidèle à lui-même et prouve, dans Les Fausses confidences, qu’il est toujours possible de badiner avec l’amour. Enfin, Henry de Montherlant – sans doute moins célèbre que ses deux acolytes – traite de vertu et d’abnégation religieuse dans Le Maître de Santiago.
On (re)découvre avec plaisir ces grands classiques du théâtre français, dans des mises en scène naturalistes dignes d’André Antoine. Ce dernier insistait pour que le jeu des comédiens soit aussi naturel que possible et chérissait, par-dessus tout, les décors réalistes. Son souci du détail éberluait parfois le public : il n’hésita pas, par exemple, à suspendre au plafond de véritables morceaux de viande pour Les Bouchers de Fernand Icres (1888). On ressent son influence dans ces mises en scène de la Comédie-Française : les décors richement ornementés (la neige tombe à gros flocons par la fenêtre du Maître de Santiago) et les costumes « d’époque » sont aussi imposants que kitsch (dans Électre, les personnages semblent tout droit sortis d’un album d’Astérix).
Difficile de croire que Brecht soit passé par là, tant le quatrième mur semble solidement implanté sur les devants de la scène. Pas de distanciation ici, mais l’impression d’assister à une « tranche de vie » méticuleusement reconstituée. Seuls quelques personnages (Dubois dans Les Fausses confidences, le mendiant dans Électre) franchissent parfois cette barrière invisible en s’adressant ouvertement au public.