S’il faut chercher une référence avouée, n’allez pas trop loin, il suffit de s’arrêter à l’affiche du film. Casting glamour, lumières brillantes de la ville, smokings et tenues de soirées : pas de doute, la production (TF1 en l’occurrence) a bien vu Ocean’s Eleven, et a souhaité en livrer une version « européanisée », avec une même tête d’affiche séductrice et un même cambriolage impossible. Cash, c’est du clinquant, du cinéma bling-bling à usage instantané, pas forcément si malin qu’il le voudrait, mais assez jubilatoire dès lors qu’on se laisse prendre au jeu.
Car, comme dans un Sex Crimes, pour n’en citer qu’un, Cash est un film d’arnaque, où tout le monde ment à tout le monde, et le plus souvent au spectateur lui-même. Chacun des personnages entourant Jean Dujardin poursuit ainsi un but mystérieux, et l’histoire ménage quelques retournements de situation forcément inattendus, à tel point qu’on se surprend souvent à se dire « je suis sûr, qu’en fait, celui-là fait partie de l’arnaque… ». Cela permet de maintenir l’intérêt tout au long d’une intrigue complexifiée à outrance, et pas toujours vraisemblable. Le côté « surprise party » a cet inconvénient de transformer un script linéaire en joyeux foutoir dramaturgique, où l’incohérence de certaines scènes et de certains personnages saute aux yeux après coup. Mais un film comme celui-là a-t-il besoin de se déguster deux fois ?
Contrairement à Ocean’s Eleven, Cash ne transcende effectivement pas son pitch de base, pourtant suffisamment explicite. Comparé au succès de Steven Soderbergh, Eric Besnard fait même petit bras dans son opulence visuelle, à base de décors ensoleillés mille fois vus ailleurs et de musique funky pour ascenseur. Même le split-screen détaillant le plan de nos héros paraît dépouillé. Le réalisateur-scénariste n’est tout simplement pas assez décomplexé pour faire de son film l’amuse-gueule grandiloquent qu’il aurait dû être. Le rythme du film ne s’accélère ainsi qu’après trois longs quarts d’heure d’exposition et de scènes alternant entre le réussi (la course effrénée de Dujardin le long du canal Saint-Martin) et l’ennui (les discussions interminables à l’Europol). Jean Réno, dans un grand numéro d’uber-arnarqueur, apparaît, et le dit casse du film se met enfin en place. Enfin, les choses sérieuses commencent !
Devant la caméra, Dujardin attire bien sûr tous les regards. Intronisé « sex-symbol cool », le héros d’OSS 117 joue du sourire et du sourcil pour amadouer le spectateur et, vu le bonhomme, ça marche souvent, même si l’acteur est moins convaincant dans le registre séduction que George Clooney (mais qui ne l’est pas ?). Ses deux acolytes féminines, Alice Taglioni et Valéria Golino, misent elles sur la complémentarité, en jouant une partition incendiaire de vamp manipulatrices et sans scrupules. Et puis, bien sûr, Jean Réno est lui à son aise dans un rôle taillé sur mesure (c’est le cas de le dire), qui réserve bien des surprises… Un personnage à l’image du film, donc, agréable bouffée de divertissement, à la fois ambitieuse et pas prétentieuse pour un euro. Un film qui, heureusement, vous en donne quand même pour votre argent (ah ah).