Barry Lyndon, de Stanley Kubrick, un magnifique livre de Davide Magnisi chez Gremese.

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Du bon, du beau, du Barry

Davide Magnisi, dans la maintenant célèbre collection Les meilleurs films de notre vie de chez Gremese, a pris la plume pour analyser l’un des plus beaux films du monde, Barry Lyndon (1975), le dixième long-métrage du célèbre réalisateur Stanley Kubrick qui n’a réalisé pratiquement que des chefs-d’oeuvre. Après 2001, l’odyssée de l’espace en 1968 et Orange mécanique en 1971, qui étaient des sommets d’esthétisme, Kubrick a tenté et réussi d’aller plus loin avec ce film tourné simplement en lumière naturelle, celle des bougies et candélabres de l’époque, dans les costumes d’Ulla-Britt Söderlund et de Milena Canonero, d’après le roman picaresque, Mémoires de Barry Lyndon, de William M. Thackeray. Le film est d’une grande beauté plastique et le propre du livre de Davide Magnisi est d’être allé à la recherche des nombreuses références picturales : Thomas Gainsborough, William Wollaston, Joshua Reynolds et même Jean-Honoré Fragonard pour ne citer qu’eux. On consultera d’ailleurs avec profit les pages 30 et 31 intitulées « Barry Lindon et la peinture de son époque », tout comme, un peu plus loin p. 34 et suiv. « La musique de Barry Lindon ». Ce livre qui est une pure merveille, tout en respectant les standards de la collection, s’en écarte un peu parfois et c’est très agréable pour nous proposer des encarts consacrés à la séduction du jeune Barry, aux interprètes du film, aux troubles de Lady Lyndon, et à la fameuse lumière du film qui fait de chaque plan un tableau. Certes, même si le livre ne se lit pas comme un roman, il est d’une richesse incroyable (on n’en finit pas de découvrir les arcanes du roman et du film grâce au grand talent pédagogique de Davide Magnisi) et l’on doit souligner la richesse des illustrations et la beauté de la maquette. Découpé en plusieurs parties : Introduction, Prologue (« Le XVIIIème siècle d’après Stanley Kubrick »), Le récit du film, l’ouvrage se termine par un épilogue et une abondante bibliographie ainsi que les critiques du film comme le veut la tradition Gremese. On regretterait presque que le film ne soit pas au programme du baccalauréat cinéma ou de l’agrégation car il serait d’une grande utilité pour les étudiants. Mais laissons les derniers mots à l’auteur de ce livre à la fois beau à voir et passionnant à lire, lui qui a tant aimé cette oeuvre chatoyante et mystérieuse du grand cinéaste : « Barry Lyndon est le meilleur film de notre vie, le plus riche visuellement de tous les Kubrick, le plus précieux pour comprendre sa vision du monde et la parabole existentielle qui nous attend, reflétée dans ce majestueux aquarium qu’est le temps cinématographique. » C’est le livre que tout critique de cinéma rêverait d’écrire…

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