ACIDE. Sortie Blu-ray chez Pathé Films

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Après La nuée, son premier film prometteur, Just Philippot envisage de nouvelles catastrophes pour notre écosystème, mais en empruntant un chemin plus balisé et proche des blockbusters, l’impact s’en trouve amoindri.

Alors que nous sommes tout juste à la sortie de l’hiver, les températures matinales dépassent allègrement les vingt degrés, et ce même dans le nord de l’hexagone. Séparés, Èlise (Laetitia Dosch) et  Michal (Guillaume Canet) se préoccupent peu de cette anomalie climatique, embourbés dans leur situation personnelle. Mais une pluie acide qui s’abat sur la région va les réunir de nouveau pour tenter de retrouver leur fille, Selma (Patience Munchenbach . De nombreux blockbusters hollywoodiens ont, depuis  des décennies, emprunté ce schéma survivaliste pour conjuguer le triptyque  culpabilité, action et émotion : gage d’une efficacité tout public. La plus probante référence en la matière restant probablement La guerre des mondes version Spielberg (2005). Dans Acide, même si Just Philippot tend un moment la perche aux vertus familiales retrouvées dans l’adversité, Èlise et surtout Michal sont trop en déphasage avec leur fille pour recoller les morceaux. Un cliché scénaristique évité, qui ouvre malheureusement la porte à un poncif bien dans l’air du temps : seuls les jeunes se soucient de l’avenir de la planète. Selma multiplie les avertissements ou les indignations, tandis que ses parents sont trop terre à terre pour protéger La Terre. Michal, l’Homme archaïque par excellence, est même à l’origine de la dislocation de la famille, pour avoir dépassé les bornes lors d’une action anti-patronale musclée.

En focalisant toute son énergie pour sauver son emploi, Michal ferme les yeux sur la destruction de notre écosystème. On retrouve ici les termes de l’équation insolvable abordée dans La nuée, où l’héroïne se battait bec et ongles pour développer son projet d’entomoculture (élevage de croquets comestibles). Les premières séquences, qui montrent à quel point l’étau se resserre autour de nous, sont de loin les plus réussies. Ce n’est pas en zappant les scènes d’information continue que nous pourrons repousser le dérèglement climatique, ce n’est pas en boxant les patrons que l’usine restera en activité. Au lieu de creuser ce sillon, dans ses implications sociologiques et ontologiques, Just Philippot opte pour une fuite en avant. Celle de ses personnages, lancés dans une course folle et improbable pour échapper aux nuages corrosifs. S’en suit une série de scènes spectaculaires, réussies au niveau  effets spéciaux et  frissons, mais déjà vues mille fois par ailleurs. Les moments de pause, notamment dans la maison miraculeusement accueillante au sein d’une forêt désertée, forcent le trait et desservent la portée réflexive du drame. Les ficelles du scénario sont trop épaisses. Toute l’énergie du désespoir déployée par Guillaume Canet et la prestation convaincante mais écourtée de Laetitia Dosch en deviennent vain au final. Comme si le nuage le plus dangereux de ce second film plus soit  le budget plus important alloué au projet.

 

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Durée : 100 mn


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