Un jeune couple à la recherche d’une maison se retrouve pris au piège dans un étrange lotissement.
Conte fantastique sur l’uniformisation de la société et la cellule familiale idéalisée, Vivarium souffre paradoxalement de son concept. Le début semble pourtant une proposition curieuse, pas d’introduction à rallonge, une exposition efficace des personnages avant de les plonger dans cet univers. Seulement le meilleur se joue ici, une très belle et angoissante séquence de perdition, nos héros abandonnés par leur étrange agent immobilier se mettent à déambuler sans fin dans ce lotissement. Le cadre totalement fabriqué aux couleurs pastel et au ciel factice (semblable à une peinture) dénote des œuvres fantastiques sombres et contrastés auquel le cinéma indépendant nous a habitués. Et avant d’épuiser ce premier concept, le film a la brillante idée de détourner son sujet, l’arrivée d’un bébé que le couple doit éduquer pour espérer être libéré. Ce discours sur l’uniformisation s’étend dès lors à celui de la cellule familiale, la vision du couple de trentenaire idéal dont le premier achat concorde avec l’arrivée du premier enfant. Cette critique de la morosité du quotidien tient particulièrement grâce au surréalisme inoffensif (du point de vue horrifique) du film, mais conviendrait mieux au format du moyen métrage. Et ce car rapidement le réalisateur semble avoir tout raconté, les enjeux deviennent alors poussifs, le scénario coche des cases. La scission du couple (Jesse Eisenberg cabotine comme jamais) comme l’instinct maternel de l’héroïne sont peu crédibles voir en contradiction avec le message de l’œuvre, témoignant de cette complexité pour le film à dépasser son concept pour l’emmener ailleurs, jouer avec et le tordre dans tous les sens.
La réalisation finit par s’uniformiser comme le lieu qu’elle met en scène, s’obligeant même à tendre vers l’horrifique dont elle s’échappait avec malice au début. L’attention est retenue par un fil, le questionnement de ce fantastique, l’origine de ce lotissement et le but des forces supérieures évidentes, une question qui reste sans véritable réponse. Des bribes de révélation, des indices concernant cet étrange enfant qui grandit à une vitesse folle, mais pas grand-chose d’autre. Ce fantastique que le réalisateur veut garder en grande partie mystérieux révèle les faiblesses du récit, cette histoire que le film n’arrive pas à conclure ne donne que sur un retournement risible. Dans cette fin en suspens rien n’est accompli, la critique sociétale se transforme en médiocre série B, le minimalisme du concept devient une paresse d’écriture. Reste quelques belles idées dans la première partie, notamment cet enfant symbole d’une terrifiante perfection. Le jeu de pouvoir qui s’instaure entre cette entité et le couple donne au film un regain d’énergie, le récit circule habilement entre l’humour noir et l’angoisse, tout comme la créature passe brusquement de sa naïveté d’enfant à ses instincts de monstre.
Le film peine à convaincre et dans ses quelques éclats fait regretter l’enfermement de son concept, il est tout autant pris au piège de son récit que ses personnages de ce lotissement.