C’est réellement avec l’avènement du cinéma parlant, à la fin des années 1920, que la comédie musicale va passer des scènes de théâtre aux écrans de cinéma. C’est un genre qui par essence nous fait échapper au réel mais peut également s’y ancrer dans les premiers chefs d’œuvre des années 1930. Le contexte de la Grande Dépression plane ainsi autant dans les séquences traditionnelles de 42e rue et Prologue que dans les impressionnantes fresques de Busby Berkeley. Les scènes dansées et chantées des comédies musicales ne traduisent ainsi pas un ailleurs détaché de nous mais l’expression exacerbée d’un sentiment euphorique ou tourmenté (Chantons sous la pluie, West Side Story), d’un monde idéal et/ou oppressant (Brigadoon, Cabaret), d’une relation tumultueuse (Funny Face, Darling Lili). Le genre évolue avec son temps, échappant aux adaptations de Broadway lorsque la France se l’approprie avec les films de Jacques Demy ou lorsqu’il s’imprègne de la pop et esthétique du clip dans le tapageur Moulin Rouge. Le genre demeure ainsi vivace encore aujourd’hui comme le prouve le succès récent de La la land de Damien Chazelle.
Bonne lecture !