Les détracteurs du film n’ont pas manqué de pointer un certain puritanisme à l’œuvre dans ses motifs (un groupe d’adolescents qui se retrouve sous la coupe d’une malédiction se transmettant, tel un virus, par relation sexuelle). Seulement, le récit d’It Follows est un tel mélange d’influences glanées çà et là (de Tourneur à Carpenter en passant par les slashers des années 1980) que son discours rétrograde – celui-là même de tout un pan du cinéma d’horreur (et surtout de ses avatars les plus contemporains) – s’apparente à la récupération d’un simple code parmi tant d’autres, inhérents au genre. En plus de sa facticité assumée, la frontalité du discours y est poussée tellement loin (au bout d’un quart d’heure, tout est dit, puis martelé par la suite) qu’il ne paraît pas possible de ne pas y voir une certaine forme d’ironie, voire de désintérêt pur et simple de la part du cinéaste. En fait, si conformisme il y a, c’est peut-être davantage dans la promesse d’une acmé, d’un ressort dramatique tant attendu, qui ne viendra pas – à savoir que la « chose » prenne l’apparence d’un proche de l’héroïne. Ici se manifeste un réel souci de l’auteur à ne pas s’extirper d’une certaine mentalité bien-pensante, en n’osant pas aller au bout de son idée (la famille est, et restera, le lieu de l’indéfectible unité). Passé ce détail dommageable, It Follows reste l’illustration parfois maladroite mais souvent convaincante d’un cinéma de genre encore susceptible de surprendre. Par-delà les influences, David Robert Mitchell creuse son propre sillon, impose sa patte, dans ce film furieusement sensoriel et diablement attachant, qui subsiste en nous telle une émanation insidieuse, toxique.