Il n’y a pas d’ombre dans le désert

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Le désert apporte la paix à ceux qui n’en ont que dans le rêve.

Le désert de l’oubli

Déjà il faudrait expliciter le titre. L’ombre n’est pas prise ici stricto sensu mais comme une métaphore de la délivrance. Midi le juste grâce au soleil au zénith n’efface pas les ombres des voyageurs qui traversent le désert. C’est juste que, lui, le désert, apaise les personnages du film, tout comme le rêve ou l’imaginaire desquels ils se nourrissent. Yossi Aviram le reconnaît aussi pour lui-même dans le dossier de presse du film : « C’est une chose très personnelle, le désert… Quand on s’y rend, c’est une sorte de liberté de la vie, c’est la vie ! Comme Ori dit dans le film: «je me sens bien ici ». Il y avait même dans le scénario une autre phrase, également prononcée par Ori : « ici on peut oublier » ». Ce dossier de presse est d’ailleurs fort intéressant car il confronte les questions d’un autre réalisateur, Emmanuel Finkiel, aux réponses du réalisateur du film, Yossi Aviram, et ils mettent en miroir à la fois leurs idées sur le cinéma et sur la question juive, d’autant qu’Emmanuel Finkiel est le réalisateur de La douleur adapté de Marguerite Duras et que Yossi Aviram s’est fait connaître avec des films documentaires sur la condition juive. 

 

Co-écrit avec Valeria Bruni Tedeschi

Le scénario de ce nouveau film est co-écrit avec Valeria Bruni Tedeschi qui, en plus, est actrice dans le film et c’est la première fiction de Yossi Aviram. Il avait rencontré l’actrice à Paris et rêvait depuis toujours de la faire tourner jusqu’à imaginer un scénario dans lequel il imaginait un homme kidnappant une actrice française et la retenant dans le désert. C’est un peu ce qu’il a réussi ici en déclarant de ce fait dans le dossier de presse : « Le film lui doit énormément, je savais qu’elle allait me sauver ! Elle est sans doute la seule qui peut jouer un tel personnage de façon crédible, à la fois une écrivaine parisienne établie et une amoureuse romantique qui se laisse embarquer dans cette aventure imaginaire. Elle est forte et en même temps elle a quelque chose d’une enfant blessée. » C’est d’ailleurs l’actrice française qui aura l’idée de placer un procès en Israël au coeur du film. Quant au personnage masculin d’Ori, Yossi Aviram a lancé tout simplement une sorte de SOS sur FaceBook : « Je ne vous connais pas mais j’ai besoin de vous », auquel l’acteur a répondu favorablement pour interpréter cet homme lunaire qui prend ses désirs et ses rêves pour des réalités. 

Écrasés par une souffrance qui n’est pas la leur

Le sens de ce film un peu labyrinthique pourrait échapper à certains spectateurs qui espéreraient une énième histoire d’amour. Qu’ils soient patients, elle arrive mais vers la fin du film au moment du rapt d’Anna par Ori. Mais la substance même de ce film est encore une fois l’analyse de la culpabilité que les descendants des martyrs de la Shoah pourraient ressentir. Yossi Aviram le confie d’ailleurs à Emmanuel Finkiel dans le dossier de presse du film et c’est cela qui est bouleversant pour la suite : « Il y a une phrase dans le film que j’apprécie beaucoup, quand Ori dit à Anna : « ton père n’a pas parlé, ma mère m’a parlé tout le temps, mais finalement tous les deux on a grandi coupables. » Je connais très bien ces deux types de comportement. Mes parents sont nés en Israël, ce ne sont pas des rescapés, mais c’est notre histoire, mes grands-parents ont perdu toutes leurs familles, et ça a été très présent dans ma vie. Il y a une autre phrase que je trouve importante dans le film : « on était écrasés par une souffrance qui n’était pas la nôtre ». »

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Durée : 101 mn


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