Festival International du Film Francophone de Namur – Un festival aux mille identités

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Pour la 23ème année, le Festival dédié à la francophonie s´est achevé, en récompensant du Bayard d´Or un documentaire franco-brésilien, « Puisque nous sommes nés » de Jean-Pierre Duret, et Andréa Santana, qui a également remporté le prix du meilleur documentaire.

Incluant dans ses missions la promotion de la langue française comme vecteur de reconnaissance de la diversité culturelle et acteur du dialogue interculturel, le FIFF réaffirme d’année en année des préoccupations qui dépassent bien évidemment le simple rapprochement de films en langue française, issus des territoires francophones « majeurs » (France, Belgique, Québec). Des œuvres du Vietnam, de la Pologne, de la Roumanie, du Libéria, de la Tunisie, du Congo ou encore de la Suisse, pour n’en citer que certaines, forment l’immense panel des cinématographies présentes au FIFF.

Pourtant, malgré la richesse et la diversité des films proposés, on se demande ce qui définit, en 2008, un «film francophone». Au vu de la programmation et des films présents hors compétition, on peut naïvement chercher comment le festival de « cinéma francophone » embrasse ce concept fédérateur, pour établir une programmation qui incarne une francophonie s’exprimant par des attributs plus cinématographiques, esthétiques.

En effet, qu’est ce qui réunit, fédère des cinématographies de qualité au-delà des institutions, des systèmes de co-financements, ou des accords de diffusion ?

D’évidence, la francophonie demeure un terme complexe, en perpétuelle redéfinition, et constamment remis en débat au sein de l’OIF et des sphères culturelles et politiques internationales. C’est précisément dans le domaine particulier du cinéma que le FIFF a un rôle à jouer, pour questionner cette idée de francophonie, s’y cogner et ne pas avoir peur d’effaroucher un attachement parfois de longue date.

Puisque nous sommes nés, film détenteur du Bayard d’Or cette année, est un bel exemple de la complexe et riche définition de ce que peut être un film francophone.

Tourné au Nordeste, région aride et déshéritée du Brésil, dans l’état du Pernambouc, par un français et une brésilienne, le documentaire enregistre la vie de deux jeunes garçons se débattant entre leurs désirs d’avenir et la réalité de la vie autour d’une station service. Jean-Pierre Duret, co-réalisateur français, souhaitait pour sa part évoquer la condition paysanne brésilienne, en cette époque de « ségrégation économique que connaît le Brésil ».

Film de l’international

Malgré tout, au regard de la consécration d’un film si profondément traversé par des questions sociales et culturelles ancrées dans un territoire particulier, le Nordeste, au Brésil, on ne peut s’empêcher de penser qu’il n’existe pas de film plus « international », et peut-être moins francophone que celui-là. En effet, le co-réalisateur français Jean-Pierre Duret déclare : « Tourner ce film en France, au Brésil ou ailleurs, ca ne change rien». C’est porté par un sujet déjà abordé dans un précédent court-métrage (Un beau jardin par exemple, consacré à ses parents, agriculteurs savoyards), et simplement conduit par une rencontre et enrichi d’autres thématiques, que le film a pris corps au Brésil.

Eut-il été réalisé par deux brésiliens, et n’ayant peut-être pas obtenu de financements français ou francophones, le film n’aurait donc pas sa place dans la programmation du FIFF ?

Si, car au-delà de cette simple provocation, il est bien évident que c’est la rencontre entre deux regards, deux expériences, brésilienne et française, deux individus et un sujet de cinéma, qui concrétise une fructueuse collaboration.

Le terme « francophilie » vient alors à l’esprit, évoquant un attachement spontané, dénué de tout pacte antérieur, ce brin de culture auquel on adhère par désir, envie ou amour.

Palmarès complet du 23ème Festival International du Film Francophone de Namur : www.fiff.be

 

Puisque nous sommes nés Jean Pierre Duret et Andréa Santana, sortie le 4 février 2009.


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