Les points forts du film résident dans une certaine adresse à rendre sensibles à la fois le vertige et l’urgence liés à la situation. Mineur, il se signale avant tout dans les scènes confrontant l’ex-policier soi-disant devenu truand évadé (Sam Worthington) et la négociatrice chargée de le convaincre de ne pas se jeter dans le vide. Le jeu de manipulations auquel ils se livrent sur la corniche est soutenu par un dialogue plutôt bien écrit. Le cinéaste y distille intelligemment effets jouant sur la peur du vide, interactions (sous la forme de provocations et d’acclamations) avec la foule attirée au pied du gratte-ciel par la perspective d’assister à quelque chose de fort, recherches conduites par la police sur l’identité du fauteur de troubles. Le rythme est assez soutenu, mais le montage encombré de quelques flash-back dispensables.
Si le film tient la route pour l’essentiel, il dérape sur la fin en se mettant à jouer sur une corde qu’il retenait jusque-là : celle du grand spectacle. Il enchaîne alors scènes d’action franchement parfois au-delà des limites du ridicule, dans lesquelles le héros qui tenait jusque-là en haleine en se contentant d’évoluer sur quelques mètres de corniche, se met à courir dans tous les sens et sauter de mur en mur, voire plus. Assez difficile à avaler et peu cohérent. D’autant plus que cette soudaine agitation se double de l’utilisation de raccourcis de scénario qui viennent gâcher les efforts entrepris jusque-là en précipitant une résolution qu’on aurait aimée plus fine. Le tout se conclut inutilement sur un empilement de bonnes nouvelles envoyées en cinq minutes et quelques plans vite faits dans un bar, avec retrouvailles, demande en mariage, promesse d’un nouvel amour, retour du père disparu, et tournée générale. On s’en serait bien passé.