Diabolo menthe. Sortie Combo Blu-ray/ DVD Master 4K chez Rimini Editions

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Le regard nostalgique et affiné de Diane Kurys n’a pas pris une ride. Une réédition tout simplement indispensable.

Avec ses trois millions d’entrées lors de sa sortie,  en 1977, Diabolo Menthe aura  non seulement su dialoguer avec  toute une génération d’adolescents troublés par leurs désirs nouveaux et guidés par leurs incertitudes, mais aussi tendre un miroir à des parents déboussolés, faute d’un mode d’emploi mis à jour pour gérer les retombées d’un tel orage. Les premiers amours, les premières rebellions, les mensonges gros comme des maisons, le programme apparaît, depuis des lustres, gravé dans le Manuel des meilleurs récits  d’apprentissage. Prenant pour cadre les années soixante de son adolescence, pour son premier film, Diane Kurys ne cherche pas à reformater le sommaire ; parsemant, à vitesse grand V, l’année scolaire des deux sœurs Weber, Frédérique (Odile Michel) et Anne (Éléonore Klarwein) d’exaltations sans lendemain, de révélations, de micro-drames, de  projets en germe; douce bande annonce d’une vie d’adulte, privée du cocon protecteur dont elles supportent de moins en moins la texture sirupeuse.

Autres temps, autres mœurs, pour que la saveur du coming-of-age résiste à l’acide érosion des décennies, une bonne recette ne suffit pas. Peuvent lui servir d’écrin protecteur : les premiers pas d’une Star, Sophie Marceau dans La boum (Claude Pinoteau, 1980), une atmosphère inoubliable – loin d’être son seul mérite – Un été 42 (Robert Mulligan, 1971) -, ou dans un tout autre registre le destin tragique d’un des personnages : Stand by me (Carl Reiner, 1987)… De par la légèreté apparente, la tendresse inspirée par les héroïnes et la nature anecdotique des évènements qui tiennent lieu de structure, notre Diabolo Menthe semble annoncer la couleur et le gout sucré de l’immense succès que sera trois ans plus tard le film de Pinoteau. Les cinéphiles plus exigeants, eux, se réjouiront de ressentir le souffle de la série des Doisnel. Kurys scrutant ici une période de l’existence que Truffaut n’a pas abordée dans son temps. Entre les  400 coups (1959) et Baisers Volés (1968), celle qu’il se préparait à évoquer dans La petite voleuse,  scénario qu’il ne pourra mettre en scène, et dont Claude Miller tirera la quintessence en 1988. Plus largement, Diabolo Menthe emprunte à la nouvelle vague certains de ses liens avec le réalisme. Tous les enfants sont interprétés par de simples amateurs, notons cependant qu’ Odile Michel suivait des cours de théâtre depuis quelque temps déjà. En dépit d’un scénario dont on perçoit clairement l’aspect programmatique, un bon nombre de scènes semblent s’écrire sur l’instant, l’humeur changeante des personnages et leur complicité menant la danse; à l’exemple de la première surboum d’Anne. Il n’est pas rare que le rire du début d’une scène cède la place aux larmes, et vice-versa. Le montage se permet certaines ellipses impromptues, comme gage du naturalisme. L’affect  des deux jeunes filles et de leur mère célibataire se livre progressivement, temps nécessaire de la pudeur.

Les saynètes qui rythment le début du film prennent au fil du temps un aspect plus sérieux mais jamais sentencieux. Le contexte politique bouillonnant de l’époque ne reste pas en dehors de l’école : fin de la guerre d’Algérie, le rejet des pieds noirs commencent, tandis que l’antisémitisme revient immuablement dans le quotidien. Avec l’adolescence se pose la question de l’engagement, mai 68 en ligne de mire. La pertinence de ces arrière-plans et la lucidité sur la fragilité du modèle familial n’altèrent pas pour autant la douce sensation de pouvoir remonter le temps pour revivre les meilleurs moments de notre existence. La nostalgie distillée dans un Diabolo Menthe : le plus pétillant des remèdes contre les poussées de morosité.

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Durée : 100 mn


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