Le scénario de cette suite y parvient en s’appuyant sur la situation telle que laissée à la fin d’Avengers. L’équipe de super-héros a été révélée au monde, mais aussi les dangers monumentaux et d’ordre surnaturels auxquels est exposée la Terre. Un état de fait qui détermine des actions controversées de la part de l’organisation du S.H.I.E.L.D. dont les projets sécuritaires confinent progressivement à une paranoïa totalitaire. Une dérive dans laquelle ne peut souscrire un Steve Rogers esseulé et solitaire dans le monde moderne et dont l’existence n’est rythmée qu’à l’aune de la prochaine mission à effectuer. Notre héros devra pourtant dépasser son statut de simple soldat pour combattre après le nazisme une dictature venant cette foi de l’intérieur. Un script ambitieux et très post 11 septembre qui marche sur les terres de The Dark Knight (2008) de Christopher Nolan mais qui en délaisse le sérieux pesant et la tonalité crépusculaire pour une approche plus dynamique. Le premier volet était sous haute influence du serial et du pulp en réinventant l’imagerie de propagande que put constituer dans les années 40 les aventures de Captain America. Ce deuxième épisode est lui imprégné d’une ambiance de thriller paranoïaque 70’s où l’on doute de ceux supposés nos protéger (la technologie du S.H.I.E.L.D. étant plus motif de surveillance que de protection de la population) et créant un sentiment de tension constante débouchant sur d’éblouissante scènes de suspense comme celle de l’ascenseur. Ce doute s’emparera même des héros à l’image de Nick Fury ou de la Veuve Noire dont la rédemption morale est soudainement remise en cause.
Tout cela s’avère très fidèle aux comics dont cette tonalité d’espionnage et d’enquête constituera une des périodes les plus passionnantes du personnage sur papier. C’est également de la BD que sera tirée la sous-intrigue donnant une partie de son titre au film avec ce soldat de l’hiver constituant un équivalent né de la Guerre Froide au Captain America et entretenant avec lui un lien qui constituera un des grands rebondissement du film. Chris Evans est toujours aussi bon dans le rôle-titre, véhiculant une droiture et humanité que met constamment en valeur un héroïsme sans faille. C’est ainsi la grande surprise par rapport au premier épisode un peu timoré sur ce point, le film est très spectaculaire et haletant de bout en bout. Les morceaux de bravoures sont multiples, exploitant autant les facultés surhumaines du Captain que ses qualités de stratège militaire – défiant tour à tour un expert en arts martiaux, s’infiltrant avec discrétion en zone ennemie ou affrontant simultanément une dizaine d’assaillants, sans parler des duels dantesques avec le soldat de l’hiver – et le faisant idéalement seconder par la Veuve Noire (Scarlett Johansson toujours aussi à l’aise et attachante) et le nouvel allié le Faucon (Anthony Mackie). On sent que le succès d’Avengers a incité Marvel à être plus généreux en termes d’action, et la frustration ressentie dans les premières productions tend vraiment à s’estomper. Une grande réussite qui a de plus le mérite dans sa conclusion d’amener un vrai bouleversement dans l’univers et qui aura ses conséquences dans les films à venir, sans parler d’une séquence post-générique introduisant de redoutables adversaires. La meilleure production Marvel avec le premier épisode.