« Le scénario a été écrit pour moi par Victoria Galardi», apprend-on de la bouche d’une jeune femme de 24 ans dont on parle déjà comme l’égérie du « nouveau cinéma argentin ». Pour celle qui l’interprète, Amorosa Soledad, « c’est l’histoire d’une fille de la ville, de 26 ou 27 ans peut-être, qui est à la recherche d’elle-même. Ou plutôt, elle part à sa propre recherche à travers les autres. Comme nous tous. »
Liberté. Nous l’avions découvert dans le bouleversant XXY de Lucia Puenzo, Grand prix de la Semaine de la critique au festival de Cannes 2007. L’interprétation d’une jeune hermaphrodite de 15 ans vivant ses premiers émois dans la confusion la plus totale, avait alors suffi à nous faire tomber sous le charme d’Inès Efron. « Un rôle très dramatique dans lequel je me suis investie à fond, parfois trop. Même dans ma vie privée, j’étais dans le film. Même si j’ai joué, j’ai mis du temps avant d’en sortir… » Subtilités de la langue française oblige, soulignons que chez elle, le mot « jouer » est à prendre au sens premier, au sens d’un enfant qui joue (jugar en espagnol, et non actuar). Et donc, elle joue ici un rôle beaucoup moins complexe, « moins solennel, plus reposant » dit-elle. C’est là qu’elle se « sent le plus libre ».
Egérie. En réalité, Amorosa Soledad est le sixième film d’Inès Efron. Hélas, tous ne sont pas sortis en France, à l’instar du tout premier, Glue, qui l’aura fait passé du théâtre au cinéma. Une carrière commencée il y a à peine 5 ans et déjà « respectée par les réalisateurs du nouveau cinéma argentin, qui apprécient mon travail ». Mais au fait, qu’est ce que le nouveau cinéma argentin dont ce film représenterait l’idéal type ? « Je crois qu’il s’agit seulement de l’apparition d’une certaine fraîcheur dans la forme, la façon de raconter des histoires personnelles et intimes ».
Intime. Et en effet, le film réalisé par Martin Carranza et Victoria Galardi est éminemment personnel, et par conséquent entièrement porté par l’actrice. Juste un petit morceau de la vie d’une jeune femme qui, après une rupture difficile, va d’abord prendre la décision d’ « apprendre à vivre seule, pendant deux, trois ans… ». D’abord seulement, on s’en doute. Une vraie comédie romantique. Ce dont Inès se ravit.
Amorosa Soledad est également autobiographique, mais pour Victoria Galardi, qui l’a écrit. « Quoique… Moi aussi, je suis hypocondriaque. En Argentine, on a assez peu de connexion avec la nature, alors on perd le sens des choses », confie son actrice.
Hypocondriaque donc, triste, seule et déterminée aussi, notre personnage. Drôle de sort que d’être nommée « Soledad » à la naissance… Loin de se révéler prédestination toutefois. « Je crois que Soledad manque de consolidation, alors elle se perd. Elle est timide et ne se connaît pas elle-même. C’est ce qui nous arrive à tous ».
Lumineux. Amorosa Soledad est aussi, enfin, un film à l’esthétique très travaillée, et réussie. Un décor à la Amélie Poulain dans cette petite boutique argentine où Soledad travaille, dans cet appartement qui semble en être la succursale, une lumière solaire, fabuleuse, et une bande son irréprochable… Un très joli film, dans le fond comme dans la forme, simple mais intense. A l’image de son interprète.