Zouzou

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Comédie française qui se croit révolutionnaire mais ne fait qu’enfoncer le clou de la vulgarité.

Remarquée pour ses courts métrages, Blandine Lenoir réalise ici son premier long métrage. Mais attention, Zouzou n’est hélas pas un remake du film du même nom réalisé par Marc Allégret en 1934 avec Jean Gabin et Joséphine Baker. Ce Zouzou-là est une pochade grotesque et vulgaire qui n’aurait pas dû voir le jour, du moins sous cette forme (ratée) puisqu’il devait s’agir au départ d’un documentaire sur la sexualité des ados dans leur famille. Sujet, vous l’avouerez, plutôt original, et que la réalisatrice aurait pu au moins vendre aux chaînes privées toujours friandes de sujets bateaux que la presse appelle joliment « marronniers » ! Pour Noël, cette année, son film va envahir les écrans français, mais il ne s’agit pas pour autant d’un film pour enfants. Zouzou est moins un film qu’un ramassis de vieux gags pour café théâtre ringard du Marais, collés les uns aux autres sans queue ni tête, mais surtout avec des clitoris. Partant des élucubrations mal digérées de certains penseurs de la théorie du genre et des réflexions philosophiques de certaines féministes qui trouvent leurs idées chez les Femen, Blandine Lenoir a l’air de découvrir la sexualité féminine et nous en gave jusqu’à la nausée, s’appuyant sur la bonne humeur des salles qui ne manquera pas de se rouler de rire en voyant une femme pisser debout. Difficile d’imaginer qu’un tel plan fasse évoluer la condition de la femme dans le monde, ni que le film révolutionne la comédie à la française qui s’illustre en ce moment avec un bijou de tendresse et de poésie : La famille Bélier d’Eric Lartigau.

Il est vrai que Zouzou ne butine pas dans le même pré et c’est son droit. Pourtant, on en vient vite à se demander pourquoi ce film est si antipathique, sans doute parce qu’il lui manque à la fois une direction d’acteurs (qui donnent pourtant le meilleur d’eux-mêmes, notamment Olivier Broche rescapé des Deschiens qui continue sa carrière de précieux ridicule) et surtout une intention narrative. Si le fil conducteur est la sexualité, surtout féminine, et la libération des mœurs, ça fait court et le film s’essouffle tellement vite qu’au bout de dix minutes, il n’a plus rien à dire. Pseudo film choral, avec une volonté de flirter avec un Rohmer qui oserait appeler un chat un chat, Zouzou perd tout son sel lorsqu’on comprend vite qu’on ne sortira jamais d’un huis-clos à la campagne et que les péripéties seront téléphonées et dignes des pires séries Z des années 60 avec la prétention arrogante d’étonner les masses et d’innover. Pourtant, tout a été dit (et mieux) sur la sexualité, même et surtout féminine, et qu’il n’est pas besoin de s’abaisser à autant de vulgarité (dans le sens littéral du terme). Un film à vous faire (presque) regretter Les Valseuses de Bertrand Blier (1974) qui ne faisait pas pourtant non plus dans la dentelle. Même Damien Leblanc du magazine Première a la dent dure lorsqu’il écrit que « Blandine Lenoir défend ici le rôle primordial de la famille dans l’éducation sexuelle. Elle passe pour cela par une fiction trop poussive […] dans laquelle les blagues tombent à plat et où les conversations entre protagonistes manquent souvent de naturel. » Voilà tout est dit. À éviter donc pour se remettre des fêtes de Noël souvent trop écœurantes.

Titre original : Zouzou

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Durée : 85 mn


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